1962. Le 29 avril de cette année-là, « le premier concours de guitares électriques à Nantes est organisé aux Salons Mauduit », raconte Laurent Charliot, fin connaisseur de l'histoire du rock nantais et lui-même musicien. Cet événement marque la genèse du rock Made in Nantes.
En 1972 sort le premier album de Tri Yann, au croisement de la musique bretonne et du folk-rock. La carrière des « Trois Jean de Nantes » connaît un départ fulgurant, porté par la vague folk et le renouveau culturel breton. Les Tri Yann sont le groupe nantais qui a vendu le plus de disques – près de trois millions et demi d’exemplaires – et joué plus de deux mille concerts à travers le monde. Puis c'est l'arrivée du disco ! Les « Sono 2000 » et autres « Sono disco-guinguette » signent la mort des groupes de bal. Mais les guitares et les amplis restent allumés : les groupes français comme Starshooter ou Trust créent des vocations, à Nantes aussi avec Tequila et Ticket.
« Mais dans les années 80, Rennes prend toute la place dans le domaine des musiques actuelles et Nantes semble tourner au ralenti. À part Squealer, E.V ou Zoopsie, il n'y a pas vraiment de groupe nantais qui sort du lot au niveau national. » Pourtant, on trouve de jeunes pousses qui ne vont pas tarder à percer. Comme John Merrick, dont le chanteur est un certain Dominique A., découvert un soir pluvieux de Fête de la musique en 1986.
« L'arrivée de Jean-Marc Ayrault en tant que maire de Nantes va marquer un vrai tournant, avec une révolution culturelle. Nantes est l'une des premières villes en France qui a fait le choix d'aider les musiciens, avec des structures comme Trempolino », rappelle Laurent Charliot. Le rock à Nantes, dans différents genres, cumule alors les succès, avec Elmer Food Beat, Philippe Katerine, Françoiz Breut, Les Little Rabbits… et Dominique A. Celui-ci sort en 1991 un album majeur dans l’histoire de la musique en France : La Fossette.
Années 1990-2000, Nantes connaît un véritable « état de grâce » musical, avec une scène en pleine effervescence et des groupes salués au niveau national et international. Pony Pony Run Run, C2C et Christine and the Queens, raflent des Victoires de la musique dans les années 2010. On peut citer également Sexy Sushi et Mansfield.TYA, Pégase, Von Pariahs… Ou plus récemment Lenparrot, KO KO MO et Mad Foxes.
Cela fait longtemps que le format classique du rock « guitare/basse/batterie » a laissé le champ à d’autres variations et (r)évolutions, aux influences diverses. Orange Blossom crée ainsi depuis 30 ans une grammaire musicale nourrie par l’Orient et l’Occident. Hocus Pocus est devenu dans les années 2000 une référence en hip hop puis en DJaying avec C2C, couronnés aux Victoires de la musique en 2013. 20Syl perpétue cet héritage. Quant à Christine and The Queens, il mixe chanson, électro et r’n’b, a été adoubé notamment par Madonna, fait la Une de Time magazine en 2016 et chanté lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques de Paris, avec sa nouvelle identité, Chris. Du côté des musiques électroniques, les décennies 2010-2020 voient se développer à Nantes une scène protéiforme, dont certains représentants (Madeon, Simo Cell...) partent se produire aux quatre coins du monde.
En pleine ascension depuis le triomphe de son premier album, La Symphonie des éclairs, aux dernières Victoires de la musique puis au Festival de Cannes où sa reprise de David Bowie Modern love fait sensation, Zaho de Sagazan perpétue l’héritage de la chanson française lors de la cérémonie de clôture des JO. La jeune néo-Nantaise le fait de façon convaincante devant la vasque olympique – autre création nantaise ! – au jardin des Tuileries, avec la réinterprétation émouvante de Sous le ciel de Paris, un des plus célèbres hymnes à la capitale, popularisé par Édith Piaf.
NOS SOURCES
● La fabuleuse histoire du rock nantais de 1960 à nos jours, Laurent Charliot (Iena éd.)
● patrimonia.nantes.fr
● Dictionnaire de Nantes, PUR éditions
L'info en +
Un Ticket pour la gloire
Dans le même mouvance que Bijou ou Starshooter, le groupe actif de 1979 à 1986 compte parmi ses membres Kelu à la guitare, qui rejoindra Elmer Food Beat, Yves Le Rolland, à la batterie, qui deviendra producteur des Guignols de Canal+, et Pipo, premier guitariste de Ticket. Parti à Marseille pour occuper un poste d’instituteur, ce dernier devient… l’un des membres d’IAM sous le nom d’Imhotep, l’architecte sonore du groupe de rap marseillais !
Bonus tracks !
La playlist 100% nantaise de Stereolux, conçue en 2018, à écouter sans modération !
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