Faites l’expérience de vous arrêter un matin, à l’heure de l’embauche, à un croisement fréquenté par les automobilistes. Vous devrez vite vous rendre à l’évidence: nous conduisons surtout seuls. 74 % des déplacements en voiture des habitants de la métropole se font seuls (source: Enquête déplacements Grand Territoire de Loire-Atlantique – 2015). Nos trois témoins ont, eux, déjà changé. Florence Rey s’est mise au covoiturage, Pierrick Rogé au vélo et Marie-Christine Vrillaud au train. Même si aucun d’entre eux n’habite près de son travail, ils démontrent chaque jour que c’est possible… et agréable..
Pourquoi on s’est lancés
Marie-Christine : « L’année dernière, j’ai participé au Défi Mobilité à mon travail. Je me suis rendu compte que je n’avais jamais été jusqu’à ma gare, au Pallet, que je n’avais jamais pris le train pour Saint-Sébastien. Je m’étais imaginé que ça prenait beaucoup de temps, qu’il n’y avait presque pas de train, puisque j’habite à la campagne. Et, en fait, j’ai appris que c’était un tram-train. »
Pierrick : «En 2018, pour un mémoire en droit, j’ai dû lire le rapport du GIEC. J’ai mis une semaine à m’en remettre. J’habitais à Toulon, une ville absolument pas agréable pour un cycliste, très centrée sur les véhicules. Sans bouchons, c’était 20 minutes, mais la plupart du temps, je mettais plutôt deux heures le matin et le soir en voiture pour aller travailler. Ça m’a dégoûté de la voiture. Alors quand je suis revenu à Nantes en avril 2022, je suis passé au “full vélo”.Je voulais agir à mon échelle, et j’ai toujours aimé le vélo. »
Florence : « Moi, j’étais motivée d’abord par la question de l’engagement écologique. Je n’ai pas changé de fonctionnement, je prends toujours ma voiture pour venir au travail. Mais j’ai cherché un poste plus près de mon domicile pour que mes trajets soient plus pertinents pour le covoiturage. »
En 2018, pour un mémoire en droit, j’ai dû lire le rapport du GIEC. J’ai mis une semaine à m’en remettre. Alors quand je suis revenu à Nantes, je suis passé au « full vélo ». Je voulais agir à mon échelle et j’ai toujours aimé le vélo.
Ce qu’on a changé
Florence : « Je covoiture entre cinq et dix fois par mois. J’utilise une application de covoiturage, c’est facile. Je covoiture essentiellement le soir. Le matin, les horaires que je propose ne doivent pas convenir. J’ai été jusqu’à quatre personnes, même si en général c’est une seule. »
Marie-Christine : «J’ai vraiment testé le train pendant le Défi Mobilité, ça m’a permis de passer le cap, j’ai pris un abonnement mensuel, à 48 €, remboursé à moitié par mon employeur. Autant vous dire que ça me coûtait plus de 24 € de faire les 30 km aller-retour en voiture, le calcul est très vite fait… L’abonnement me permet aussi d’être libre de reprendre la voiture quand c’est nécessaire, mais j’essaie de me déplacer au maximum en train, y compris quand j’ai une réunion à Nantes.»
Pierrick : « Je fais du vélo tous les jours. Cinq kilomètres aller, dix kilomètres par jour. C’est dans la moyenne, puisque des études disent que sept kilomètres de distance, c’est acceptable. J’ai un vélo de course classique, un petit peu modifié pour avoir un petit panier à l’arrière. Quand il fait chaud, avec un sac sur le dos, on a vite fait de transpirer et d’arriver au boulot avec l’auréole. Donc un panier, un tendeur, et c’est parti ! »
Les obstacles, les questions
Pierrick : « Dans les réticences, on parle souvent de la pluie, de la sécurité. Mais pour moi, il n’y a pas de mauvais temps, il n’y a que des gens mal équipés. Un équipement qui dure, ça coûte une cinquantaine d’euros. C’est un bon investissement par rapport au coût d’une voiture. Par contre, il faut casser un mythe:un vélo demande de l’entretien. Il faut compter environ 150 € par an. Pour la sécurité, il y a sans doute un travail à faire sur les rondspoints. Ça pourrait être bien, aussi, de démarquer un peu plus la route de la piste cyclable, parce qu’il y a des véhicules qui ont tendance à déborder. Il faut faire attention, mais à Nantes, on n’a pas trop à se plaindre.»
Florence : « Pour le covoiturage, le frein principal, c’est la question des horaires. La plupart du temps, c’est la souplesse dans la vie personnelle qui manque. Quand on a des horaires de périscolaire… on est vite coincé pour trouver des covoitureurs réguliers. Pour devenir passagère, ce qui me bloque, c’est de ne pas pouvoir faire une course avant de récupérer mes enfants, qui sont encore jeunes. Psychologiquement, j’ai encore du mal à lâcher ma voiture. Je pense que je tenterais plus facilement le bus.»
Marie-Christine : « Moi, j’ai changé mon organisation. J’ai la chance de ne pas travailler le mercredi après-midi, et j’essaie vraiment de ne pas revenir dans le secteur pour les courses. Le petit bémol, c’est que ce train est souvent en retard ou ne passe pas. Les problèmes sur la ligne sont réguliers. L’été, des trains sont annulés… Heureusement, mon employeur est assez souple et me permet de changer mes horaires. »
Dans le train, je me relâche. Ça fait du bien, je n’ai pas besoin de contrôler. Je contrôle déjà tellement tout ce que je fais pendant la journée... Et puis ça permet de regarder le paysage, d’être plus cool.
Ce qu’on en retient
Marie-Christine : «L’autre avantage du train, c’est qu’il est à 18h15, et que je fnis à 18h. Je faisais des heures supplémentaires, ça a changé ma façon de travailler. Dans le train, je me relâche. Ça fait du bien, je n’ai pas besoin de contrôler. Je contrôle déjà tellement tout ce que je fais pendant la journée… Et puis ça permet de regarder le paysage, d’être plus cool.»
Florence : «Le covoiturage, ça me déculpabilise, je n’ai plus l’impression de bêtement polluer la planète seule dans ma voiture. Et ça permet de faire quelques rencontres. Ce sont des gens de ma commune, que je connaissais peu ou pas, toutes sortes de gens. Certains sont des ours, d’autres ont envie de discuter. Mais l’application est très sûre. Je n’ai aucune inquiétude.»
Pierrick : «Le bénéfice que j’en retire surtout, c’est l’indépendance et le sport que je fais tous les jours. On a fait une estimation de notre empreinte carbone. On est à quatre tonnes, ce qui est plutôt pas mal. Sur l’aspect sportif, c’est une bonne chose parce que je travaille assis.»
Marie-Christine : «Oui, c’est vrai, je fais d’autres sports par ailleurs, mais la marche, c’est un complément. On n’est pas faits pour rester assis, et ça permet de remettre un peu de mobilité dans tout ça, au sens physique. C’est presque un confort.»
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