Les Ecossolies : 20 ans d'économie sociale et solidaire

L'ESS, c'est quoi au juste ?

L'économie sociale et solidaire (ESS), est définie et encadrée par la loi du 31 juillet 2014. Elle s'appuie sur quatre grands piliers : une structure de l'ESS doit avoir une utilité sociale ou collective et œuvrer au service du plus grand nombre. Ses dirigeants sont élus et les décisions sont prises de façon démocratique. Chacun est libre d'adhérer, de participer et de prendre des responsabilités et enfin, les bénéfices doivent être redistribués et servir au développement de l'activité. Et si quand on vous parle d'ESS, vous pensez commerce équitable, construction, réemploi ou tri des déchets ; vous avez raison, mais l'ESS est également très présente dans le secteur du service à la personne, de la petite enfance ou de l'insertion.

Un festival et un lieu totem

Les Ecossolies voient le jour en 2004. À l'époque, l'économie sociale et solidaire (ESS) reste encore assez confidentielle dans la région nantaise, malgré de nombreuses associations et acteurs qui oeuvrent déjà. « Certains faisaient de l'ESS sans vraiment le savoir », explique Geoffroy Verdier, co-président des Ecossolies. « C'est pour rassembler ces acteurs et faire mieux connaître l'ESS du grand-public que les Ecossolies ont été créées. Au départ, l'objectif était d'organiser un festival. Mais l'intuition de la nécessité de construire un réseau était déjà là ». L'intuition est confirmée en 2006. Le festival des Ecossolies rassemble plus de 30 000 personnes à Nantes, sur les bords de Loire. « Il s'est passé quelque chose. L'engouement était là. ». Très vite, l'association décide de capitaliser sur ce succès. « Il fallait trouver un lieu totem où l'ensemble des acteurs, mais aussi les gens qui étaient intéressés par la démarche, puissent se retrouver ». Ce sera le Solilab, qui ouvre ses portes en 2014 sur l'Île de Nantes.

Fédérer et accompagner les acteurs de l'ESS

Les Ecossolies, soutenues par la Ville de Nantes et Nantes Métropole, veulent aller plus loin en mettant en place des accompagnements pour les porteurs de projets et les structures de l'ESS. « L'objectif était de travailler sur deux grands axes : fédérer les acteurs par secteurs d'activité (réemploi, construction, numérique ou encore service à la personne), mais aussi développer des outils d'accompagnement pour les acteurs et les collectifs d'acteurs ». Les Ecossolies mettent en place un incubateur pour aider les porteurs de projets à se lancer et un accélérateur pour les aider à se développer. L'association collabore avec les collectivités à la mise en œuvre des clauses sociales qui favorisent l'insertion dans les chantiers de commande publique, et travaillent avec les autres acteurs de l'économie locale, comme la CCI. « Le maître mot, c'est la coopération. Certes, la promotion de l'ESS est importante, mais nous voulons aussi que l'ensemble des acteurs s'emparent du sujet et fasse des choses ensemble ».

16 % des emplois sur la métropole

Aujourd'hui, l'ESS représente 16 % des emplois sur la métropole. Le réseau des Ecossolies regroupe plus de 600 membres. L'ESS est présente dans la vie des habitants de la métropole à travers L'Autre Marché à Noël, Les associations de service aux personnes (aide et soin à domicile, mutuelles, etc.) mais aussi à travers des structures emblématiques dans des secteurs variés, comme celui de l'énergie avec Enercoop qui propose une énergie citoyenne, la Coopérative funéraire de Nantes ou encore le constructeur Macoretz, tous membres du réseau des Ecossolies. « L'ESS, c'est aussi les épiceries de vrac ou encore le kiosque paysan pour favorise les circuits courts entre les fermes et les professionnels de la restauration », ajoute Geoffroy Verdier.

Et demain ?

L'ESS a infusé le monde de l'entreprise, avec la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et les entreprises à mission. Son modèle est aujourd'hui, à part entière, moteur et acteur de l'économie locale. Les Ecossolies ont d'ailleurs rejoint la Maison de l'entrepreneuriat et des transitions (Met) qui fédère une quarantaine d'acteurs économiques. « L'ESS fait face à certains enjeux. Le foncier en est un ; les structures de l'ESS ont besoin de locaux. Le changement d'échelle est aussi un enjeux important. Comment faire pour rester une structure d'ESS lorsqu'on se développe au niveau national ? Et enfin, la nécessité de sortir de la crise économique pour aller de l'avant, devient urgente », détaille Geoffroy Verdier qui reste optimiste : « Il n'y a jamais eu autant de projets dans l'ESS. C'est un modèle qui a fait ses preuves et qui séduit avec ses emplois non délocalisables, un travail de proximité et des métiers qui font sens ».