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Bénédicte, Nathalie et Denis consomment d'occase, c'est la base

ActualitésPublié le 07 octobre 2024

Par conviction écologique et pour leur porte-monnaie, Bénédicte, Denis et Nathalie achètent quasiment tout d’occasion. Un choix assez facile à appliquer pour eux mais parfois difficile à faire comprendre, dans une société où consommer reste synonyme de croissance et de statut social.

Bénédicte Voile, 56 ans est illustratrice et autrice. En couple et mère de trois enfants, elle vit à Nantes et peut passer des heures à chiner dans un vide-grenier. © Christiane Blanchard
Bénédicte Voile, 56 ans est illustratrice et autrice. En couple et mère de trois enfants, elle vit à Nantes et peut passer des heures à chiner dans un vide-grenier. © Christiane Blanchard

Chaque Français détient l’équivalent d’un hippopotame chez soi. 2,5 tonnes, c’est le poids de tous les objets que nous possédons, selon l’Agence de la transition écologique (ADEME). 45 tonnes de matières premières sont nécessaires pour les produire. Or, les ressources de la planète ne sont pas infinies, et aujourd’hui elles s’épuisent. Cette année, le jour du dépassement (c’est-à-dire le moment à partir duquel l’humanité a consommé toutes les ressources naturelles que la Terre est capable de produire en une année) était le 1er août.  Si toute l’humanité consommait comme les européens, la date aurait été avancée au 3 mai. Pour sortir de ce système et ne pas surconsommer, la Vertavienne Nathalie Cornu, la Nantaise Bénédicte Voile et le Soriniérois Denis Féréol préfèrent la seconde main.

Pourquoi on s’est lancés

Bénédicte : « Récemment, je suis passée aux paniers bio déclassés avec Sauve ton bio. Tu le payes 8€ au lieu de 16€, parce que ce sont des légumes moches ou pas vendables. Je préfère donner mon argent à un producteur bio qui déclasse ses fruits et légumes plutôt qu’à une grande surface. Je n'irai pas jusqu’à récupérer les fins de stock dans les supermarchés, mais j’essaie ainsi d’agir au niveau de l'alimentation. »

Nathalie : « C’est une progression, quelque chose qui existait déjà dans ma façon de fonctionner qui s'affirme. Ça ne m'empêche pas d'acheter parfois du neuf, mais je pense d'abord à la seconde main. Par exemple, le tapis et le rideau de douche étaient bons à changer, et au lieu de foncer en supermarché je suis allée à la Trocquerie voir s’il y en avait. Ils avaient déjà été utilisés mais ils étaient propres et en bon état. »

Denis : « Pour Noël, on a passé la consigne dans ma famille d’arrêter les cadeaux neufs. Avec 40€ de budget, mon frère a acheté 40€ de jouets chez Emmaüs. Mon fils de 2,5 ans était submergé ! Il s'est recroquevillé sur le canapé, il y avait trop de cadeaux. C’est le problème du débat sur le coût et la valeur. Peu importe si le cadeau a coûté 8€. Ce changement de logiciel est difficile pour nous et les autres. On impose un peu notre mode de fonctionnement mais quand des gens nous demandent « de quoi vous avez vraiment besoin ? », là c'est intéressant et on se sent compris. »

On casse ce rapport social à l'objet qui à mon sens est un bien positionnel. Finalement, la simplicité, c’est agréable. 

Denis

Nathalie Cornu, 61 ans est retraitée de l’éducation nationale. Elle habite à Vertou depuis 1987 avec son compagnon, ils ont trois enfants. Son réflexe est la seconde main que ce soit pour les meubles, les vêtements, les plantes, ses loisirs créatifs… © Christiane Blanchard
Nathalie Cornu, 61 ans est retraitée de l’éducation nationale. Elle habite à Vertou depuis 1987 avec son compagnon, ils ont trois enfants. Son réflexe est la seconde main que ce soit pour les meubles, les vêtements, les plantes, ses loisirs créatifs… © Christiane Blanchard

Ce qu’on a changé

Bénédicte : « Récemment, je suis passée aux paniers bio déclassés avec Sauve ton bio. Tu le payes 8€ au lieu de 16€, parce que ce sont des légumes moches ou pas vendables. Je préfère donner mon argent à un producteur bio qui déclasse ses fruits et légumes plutôt qu’à une grande surface. Je n'irai pas jusqu’à récupérer les fins de stock dans les supermarchés, mais j’essaie ainsi d’agir au niveau de l'alimentation. »

Nathalie : « C’est une progression, quelque chose qui existait déjà dans ma façon de fonctionner qui s'affirme. Ça ne m'empêche pas d'acheter parfois du neuf, mais je pense d'abord à la seconde main. Par exemple, le tapis et le rideau de douche étaient bons à changer, et au lieu de foncer en supermarché je suis allée à la Trocquerie voir s’il y en avait. Ils avaient déjà été utilisés mais ils étaient propres et en bon état. »

Denis : « Pour Noël, on a passé la consigne dans ma famille d’arrêter les cadeaux neufs. Avec 40€ de budget, mon frère a acheté 40€ de jouets chez Emmaüs. Mon fils de 2,5 ans était submergé ! Il s'est recroquevillé sur le canapé, il y avait trop de cadeaux. C’est le problème du débat sur le coût et la valeur. Peu importe si le cadeau a coûté 8€. Ce changement de logiciel est difficile pour nous et les autres. On impose un peu notre mode de fonctionnement mais quand des gens nous demandent « de quoi vous avez vraiment besoin ? », là c'est intéressant et on se sent compris. »

Denis Féréol, 41 ans, en couple et père de trois enfants. Il est chargé de projet RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et habite aux Sorinières où il fait régulièrement du plaidoyer auprès de ses élus pour des pratiques plus vertueuses. © Christiane Blanchard
Denis Féréol, 41 ans, en couple et père de trois enfants. Il est chargé de projet RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et habite aux Sorinières où il fait régulièrement du plaidoyer auprès de ses élus pour des pratiques plus vertueuses. © Christiane Blanchard

Les obstacles, les questions

Nathalie : « Les maillots de bain et sous-vêtements j’achète neuf, c’est quand même très près du corps. Ensuite il faut changer son rapport à la consommation, ne plus être dans l’urgence du « j'ai envie de ça, je le veux maintenant ». Accepter d’aller voir et de repartir sans rien. »

Denis : « La seconde main prend plus de temps. Avec ma femme, on travaille quasiment à temps plein avec trois enfants, et parfois on est bloqué. Quand ça fait 3 ou 4 mois qu’on cherche sans trouver, on achète neuf. De mon côté j’ai eu une mauvaise expérience en seconde main avec les chaussures. J’achète neuf mais je les fait durer très longtemps, le cordonnier est mon meilleur ami. Pour certains, la qualité est un sujet, pas pour moi, au contraire. Quand tu achètes de seconde main, il ne reste que la qualité. Les jouets neufs fabriqués en Chine qu’achète ma belle-mère durent 3 semaines. »

Bénédicte : « Il y a toujours un petit risque quand tu achètes d’occasion mais au pire, c'est moins gênant d'avoir un objet en fin de vie que tu as acheté moins cher, qu'un objet neuf qui te claque entre les mains. »

Nathalie : « J’ai acheté un petit aspirateur à 3€. Il n’était pas assez puissant, j’en ai troqué un deuxième, même problème. J’envisage donc d’acheter neuf, mais je ne sais pas trop comment les remettre dans le circuit de la seconde main, car ils fonctionnent, juste pas très bien. Je ne me vois pas les redonner à la Trocquerie par exemple, même s’ils suffiraient peut-être à quelqu’un d’autre. »

Il faut changer son rapport à la consommation, ne plus être dans l’urgence du « j'ai envie de ça, je le veux maintenant »

Nathalie

Ce qu’on en retient

Denis : « Il y a une vraie capacité à pouvoir acheter d’occasion aujourd'hui, parce que le secteur grandit, devient structurel même s’il faut faire attention aux dérives comme Vinted qui finalement encourage la fast-fashion. Tu découvres aussi d’autres pratiques comme les échanges entre voisins. On est un groupe de 4-5 papas qui habitent à 250 mètres les uns des autres et on se prête nos outils de bricolage notamment, ça évite d’avoir chacun le sien. Avec ma femme, on réfléchit aussi à dépenser moins pour gagner moins. Ce mode de calcul fait peur à tout le monde mais on gagne suffisamment bien notre vie, autant avoir du temps, du confort de vie, plutôt que de l’argent qu’on ne dépensera pas. Ainsi, on casse ce rapport social à l'objet, à la voiture, à l'emballage… qui à mon sens sont des biens positionnels. Et finalement, la simplicité, c’est agréable. »

Nathalie : « Ça me permet aussi de temps en temps de me faire plaisir, d’acheter des objets dont je n’ai pas besoin mais sans culpabiliser puisqu’ils sont de seconde main. Je trouve aussi des marques très qualitatives pour trois fois rien. Pour moi, c'est un gain de temps parce que je ne suis pas obligée de faire 10 000 boutiques, il y a tout dans quelques-unes. Puis j’aime que les objets aient une histoire, que je prolonge à ma façon. »

Bénédicte : « J’ai vraiment plaisir à fouiller, à trouver la lampe que personne n’a vu, à découvrir. C’est aussi une fierté de ne pas acheter neuf dans une société qui surconsomme. Puis il peut y a un côté social chouette. Avec des copains, pour Noël, on devait ramener un objet dont on ne voulait plus et c’était très drôle parce qu’il y avait des objets insolites, on s’est raconté les histoires qui allaient avec. C’était plus sympa que le classique cadeau à 5€. »

Les coups de pouce

Les défis pour se lancer

  • « Ma garde-robe vintage » est l’un des défis climat proposé par la Métropole.
  • Le défi Rien de neuf lancé par l’association Zero Waste France permet de rejoindre une communauté, d’avoir des conseils, des astuces et de s’évaluer en toute bienveillance.

Où acheter de seconde main ?
Quelques sites ou guides recensent les lieux utiles comme la liste des ressourceries et plus largement des acteurs de l’économie sociale et solidaire proposée par la Métropole ou le guide des Autres Possibles, Nantes durable et solidaire.