2024-05-30T09:53:02Z https://metropole.nantes.fr/files/images/actualites/nature-environnement/ruisseau%20menardais/ruisseau-menardais%20%c2%a9%20Romain%20Boulanger.jpg

Le ruisseau du Ménardais retrouve son lit grâce à une restauration ambitieuse

Actualités- Mis à jour le 30 mai 2024

La végétalisation des villes passe aussi par la restauration de certains cours d’eau qui ont été comblés ou déplacés. La Ménardais près du cimetière-parc de Nantes a bénéficié d’importants travaux financés par l’agence de l’eau, la Région, le Département et Nantes Métropole. Retour sur le pourquoi du comment et les avantages de ces restaurations avec Damien Linard, technicien milieux aquatiques à la direction du cycle de l’eau à Nantes Métropole.

Damien Linard est technicien milieux aquatiques à la direction du cycle de l’eau à Nantes Métropole. © Romain Boulanger
Damien Linard est technicien milieux aquatiques à la direction du cycle de l’eau à Nantes Métropole. © Romain Boulanger

Pourquoi Nantes Métropole procède-t-elle à la restauration de cours d’eau ?

Parce qu’ils sont en mauvaise santé. Dans les années 1970-1980, il fallait urbaniser pour loger, développer l’industrie et l’agriculture intensive pour nourrir la population. De nombreux aménagements ont été réalisés et les cours d’eau ont donc été déplacés, recalibrés, comblés ce qui a dégradé la qualité de ces milieux. L’Europe a fait ce constat de leur mauvaise santé et a établi une Directive cadre sur l’Eau en 2000 fixant des objectifs de retour au bon état écologique. Car un cours d’eau en bon état signifie une eau de qualité et riche en biodiversité. De plus, cela amène de la fraîcheur dans des villes où les canicules sont plus nombreuses.

Comment le ruisseau du Ménardais a-t-il été restauré ?

Grâce à un projet de compensation (voir encadré) réalisé par nos collègues de la direction Nature et jardins et un programme pluriannuel d’actions sur la vallée du Gesvres, ce projet a été beaucoup plus ambitieux que prévu. L’extension prévue du cimetière-parc a été annulée pour conserver et restaurer cette zone de biodiversité, supprimer 3 hectares de remblais (les plus anciens dataient de 1956) et retrouver le cours naturel du ruisseau.

3 hectares de remblais, dont les plus anciens dataient de 1956, ont été supprimés pour retrouver le cours naturel du ruisseau de la Ménardais, au nord de Nantes.
3 hectares de remblais, dont les plus anciens dataient de 1956, ont été supprimés pour retrouver le cours naturel du ruisseau de la Ménardais, au nord de Nantes.

Il y a d’abord eu du terrassement pour enlever 14 000 m3 de remblais et retrouver le niveau initial du sol naturel. Ensuite, le cours du ruisseau a été redessiné, pour retrouver son gabarit naturel. Puis nous avons apporté des matériaux nécessaires à son bon fonctionnement. Un cours d’eau transporte aussi du sable, des cailloux, c’est un milieu vivant qui trouve son équilibre en érodant la berge et en déposant ces sédiments plus loin. Enfin, on a supprimé les ouvrages qui bloquaient la continuité écologique. Des buses sous-dimensionnées empêchaient le transport des sédiments et la remontée d’espèces aquatiques. Elles ont été remplacées. Ces travaux importants sont financés à 80% par l'agence de l'eau, la Région et le Département.

Cette restauration prend-elle du temps ?

Les travaux en eux-mêmes durent quelques mois mais pour que le cours d’eau cicatrise, il faut plusieurs années. Nous avons un suivi sur une dizaine d’années pour s’assurer de la pertinence de nos actions. Des inventaires de biodiversité dans le cours d’eau et autour notamment seront réalisés. Le ruisseau du Ménardais devrait rapidement retrouver une bonne santé.

Travaux de restauration de la ripisylve. Ces boisements qui bordent les cours d'eau jouent de multiples rôles : régulation de la température et dépollution de l'eau, protection des berges, habitat pour de nombreuses espèces...
Travaux de restauration de la ripisylve. Ces boisements qui bordent les cours d'eau jouent de multiples rôles : régulation de la température et dépollution de l'eau, protection des berges, habitat pour de nombreuses espèces...

D’autres portions du ruisseau du Ménardais ont-elles besoin de restauration ?

Après le cimetière-parc, la Ménardais traverse le Golf Erdre de Nantes. Quatre plans d’eau avaient été créés sur le cours du ruisseau, trois pour l’agrément du jeu dans le parcours du golf et le dernier nécessaire pour l’arrosage des greens. Après concertation avec le gestionnaire du Golf et la mise en conformité avec la loi sur l’eau, les trois plans d’eau d’agrément vont être supprimés et le 4ème sera  déconnecté du ruisseau en recréant un bras de contournement. La plupart des projets de restauration se font sur des propriétés privées et un accord au préalable du propriétaire est nécessaire pour autoriser la Métropole à réaliser des travaux. Les projets actuels sont mieux perçus par la société qui est sensible à la reconquête de la biodiversité, au changement climatique.

 

Un projet de compensation lié à la restauration du ruisseau

Avec l’arrivée des nouveaux tramways de Naolib, un centre technique a dû être construit à Babinière. « La construction a grignoté sur des prairies et des zones humides, il fallait compenser car plusieurs couples d’une espèce d’oiseau protégé, la Cisticole des joncs, nichaient là, explique Sébastien Floch, paysagiste à la direction Nature et jardins de Nantes Métropole. Deux sites ont été identifiés : le golf de Port-Barbe et la partie nord du cimetière-parc. » En complément du projet de restauration du ruisseau et de la compensation, une oasis de biodiversité de 22 hectares a été identifiée avec l’équipe des jardiniers de secteur, dans laquelle des haies bocagères qui vont être reconstituées et des prairies gérées pour la biodiversité. C’est aussi là que passeront les cheminements de l’étoile verte, projet au long cours qui vise à mettre en valeur des parcours de randonnée le long des rivières de la métropole. « Comme le ruisseau passe au milieu des prairies, il a été plus facile de recréer la zone humide, précise Aline Corbeaux, responsable de l’unité reconquête de la biodiversité à Nantes Métropole. La Cisticole des joncs aime les lieux ouverts, en friche, proche de zones humides. Ces trois projets se complètent parfaitement. »