Une série France TV dans les coulisses du Jardin des plantes de Nantes
Comment faire vivre le patrimoine nantais ?
Publié le 03 sept. 2025
Dernière mise à jour 17 sept. 2025
Le regard porté sur le patrimoine local a considérablement changé au fil des décennies. Les Nantaises et les Nantais ont désormais un rôle central dans sa mise en valeur, complémentaire des actions de la collectivité.
Un patrimoine multiple
Du Grand-Blottereau à l’ancienne manufacture des tabacs, en passant par le Muséum ou le Pas de Côté trônant sur la place historique du Bouffay, Nantes déploie un patrimoine multiple, reflet de toutes les époques : médiévale, classique, industrielle, reconstruction, contemporaine.
Mais qu’entend-on au juste par patrimoine ? Ce terme désigne l’ensemble des richesses culturelles, matérielles et immatérielles, qui appartiennent à une communauté. Héritage du passé ou témoin du temps présent, il est reconnu comme digne d’être sauvegardé et mis en valeur afin d’être partagé et transmis.
«Le patrimoine n’est pas quelque chose de figé ou acquis une fois pour toutes : il se construit, se discute, évolue. La ville est en mouvement, le patrimoine l’est aussi.
»
André Péron, historien nantais
Mobilisation et préservation
À Nantes, la fin des chantiers navals en 1987 marque un tournant, autour de la préservation de cette mémoire ouvrière. « Quand une activité cesse dans un lieu, il faut une démarche pour valoriser les traces matérielles, rappelle l’historien. Les élus étaient confrontés à une forme de crise d’identité liée à la désindustrialisation et ce patrimoine, loin d’être classique, était vu comme une verrue. »
Constitués en collectif des associations du patrimoine industriel et portuaire, anciens de la navale et militants se mobilisent, manifestent, inventorient. On leur doit la préservation de la grue Titan jaune, des cales de lancement, des nefs ou de la gare de l’État, qui abrite aujourd’hui la Maison des syndicats. Ils participent à changer le regard des citoyens et des élus et faire comprendre l’intérêt architectural et mémoriel de ces sites.
Dans les années 1990, cette approche se confirme quand le maire Jean-Marc Ayrault « affirme la dimension culturelle et touristique du patrimoine comme levier de développement », souligne Olivier Absalon, directeur de la DPARC (direction patrimoine et archéologie de Nantes Métropole). Dans les années 2000, les trois éditions d’Estuaire puis le Voyage à Nantes, lancé en 2012, vont façonner un riche paysage artistique. « Le Voyage à Nantes est né d’un constat : il fallait construire le patrimoine de demain », note sa directrice Sophie Lévy. 84 œuvres sont désormais intégrées au Voyage permanent.
Les habitants vus comme « partenaires »
Conserver et protéger les bâtiments, quartiers, statues, soulève de nombreuses questions. Dont celle du financement : « Depuis les années 1970 a émergé une inflation patrimoniale, avec l’intégration progressive de patrimoines moins prestigieux, explique Alain Péron. Cela suppose des choix, des débats, des tensions : que conserve-t-on et comment ? Quelles reconversions possibles ? Comment intégrer les enjeux de transition écologique ? »
Ces défis trouvent aujourd’hui des réponses dans la participation citoyenne, devenue centrale à Nantes. La signature symbolique par la Ville en juin 2024 de la Convention de Faro affirme ce droit : chacun peut accéder, s’exprimer et contribuer au patrimoine culturel. « Nous considérons les associations, collectifs et habitants comme de véritables partenaires capables de dire ce qui, selon eux, fait patrimoine et mérite d’être transmis », affirme Olivier Absalon. « Nous sommes passés d’une logique descendante d’expertise à une démarche collective intégrant les usages, les récits, les attachements », poursuit Gaëlle Caudal, responsable du pôle partenariats scientifiques et culturels à la Ville de Nantes.
Un Conseil nantais du patrimoine pour peser sur les décisions
Le Conseil nantais du patrimoine, créé en 2010 et composé à l’origine de scientifiques et de chercheurs, s’ouvre ainsi aux citoyens en 2021 puis en 2024, avec l’arrivée de nouveaux membres issus de la société civile. Il se réunit cinq fois par an autour de grands projets urbains, puis émet des avis transmis aux élus.
« M’investir dans cette instance est une manière de participer à la vie locale, témoigne Naïma Panelle, l’une des nouveaux membres. Je constate l’évolution de Nantes depuis mon arrivée en 2009 – la piétonnisation, la réfection de la gare, les aménagements végétaux... – et je souhaitais m’inscrire dans cette démarche de construction, murmurer des suggestions aux élus, pouvoir m’investir dans leurs pistes de réflexion. »
Après avoir donné leur avis sur le projet de rénovation de la tour Bretagne, le Conseil nantais du patrimoine examine l’avenir du site de l’Hôtel-Dieu, libéré de ses fonctions hospitalières en 2027. Le futur de ces bâtiments emblématiques des reconstructions d’après-guerre sera ainsi façonné pour partie par les habitantes et habitants d’aujourd’hui.
Le patrimoine nantais en quelques chiffres
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37 500 visiteurs par mois sur la plateforme Nantes Patrimonia
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362 750 personnes ont visité le Musée d’histoire de Nantes 187 049 le Mémorial de l’abolition de l’esclavage (chiffres 2024)
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520 000 € de subventions de fonctionnement attribuées à la quarantaine d’associations œuvrant pour le patrimoine
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201 noms de femmes attribués à des rues ou des équipements publics de Nantes depuis 2016