Avec 60 % de bâtiments construits avant la première réglementation thermique, et donc très énergivores, le parc de logements français est confronté à un enjeu majeur de réduction de ses consommations d’énergie. Il faut rénover massivement l’existant, et vite. Pour relever ce défi, au centre des débats du 83e congrès HLM qui se tient à Nantes du 3 au 5 octobre, les bailleurs sociaux des Pays de la Loire ont décidé de jouer collectif. 14 d’entre eux se sont associés à l’Union sociale de l’habitat (USH) pour lancer une opération de réhabilitation de grande ampleur, inspirée d’une idée venue des Pays-Bas : la démarche EnergieSprong, qui signifie « saut énergétique ».
Industrialiser pour massifier
« Le principe est de massifier les rénovations énergétiques en s’appuyant une logique d’industrialisation et de préfabrication en usine », explique Axel David, directeur de l’USH des Pays de la Loire. Objectif : renforcer rapidement la performance thermique des logements avec des solutions de rénovation bas-carbone, pour améliorer la qualité de vie des locataires et réduire leurs charges. Pour mener à bien l’opération, les bailleurs sociaux ont passé « le premier marché de rénovation de logements à énergie zéro mutualisé en France ». Cette commande groupée inédite va donner une seconde vie à 1458 logements sociaux, répartis entre Nantes, Saint-Herblain, Guérande, Allonnes (49) et Le Mans (72), et offrir « un bouclier énergétique » à leurs occupants.
Une seconde peau en ossature bois
La résidence Montauban, dans le quartier Moulin du Bois à Saint-Herblain, fait partie du programme. Pour transformer en profondeur cette résidence des années 1960, composée de 2 bâtiments de 46 logements, Atlantique Habitations investit plus de 6 millions d’euros (lire ci-dessous). Le chantier a débuté durant l’été et sera livré en mars 2024. Un temps record ! « L’industrialisation des procédés permet de réaliser l’opération en 7 mois, contre 12 à 14 dans une rénovation classique », assure Jérémy Robert, directeur d’Alteresco (groupe Altyn), l’entreprise chargée de la maîtrise d’œuvre. Les façades isolantes à ossature bois (FOB) sont préfabriquées en usine, à Montaigu. « Elles arrivent d’un bloc et intègrent déjà tous les éléments : isolation en laine de bois, un matériau biosourcé plus durable que les isolants traditionnels, pare-pluie, menuiseries, etc. » Il suffit ensuite de monter ces FOB les unes sur les autres, à l’aide d’une grue, pour offrir une seconde peau très performante au bâtiment.
Des travaux en site occupé
« Cette méthode permet de moderniser les logements en les rendant économes en énergie et confortables, tout en minimisant les inconvénients pour les locataires », souligne Marie Josso, présidente du conseil d’administration d’Atlantique Habitations. Car le chantier se déroule en site occupé. « Même s’il est mené sur un temps court, cela demande une attention particulière, poursuit Virginie Le Roy, la responsable des programmes patrimoniaux. Des chargées de relation locataires accompagnent, au quotidien, les habitants durant cette période de travaux pour les informer, recueillir leurs doléances et mettre en place des mesures adaptées et personnalisées. »
Zéro énergie garantie pendant 30 ans
Après l’intervention, la résidence atteindra un haut niveau d’efficacité énergétique, appelé « E=0 », c’est-à-dire zéro énergie. « Nous garantissons la performance pendant trente ans, assure Jérémy Robert. Toutes les consommations résiduelles des locataires seront compensées par une énergie renouvelable, produite dans l’immeuble ». Finis les chauffe-eau individuels au gaz. L’eau chaude sanitaire sera fournie par le réseau de chaleur urbain et des panneaux solaires seront installés sur la toiture pour alimenter les logements et les parties communes en électricité (éclairage, appareils électroménagers, etc.). L’intérieur des appartements (volets, cuisines, salles de bain et toilettes), les halls d’entrée et les cages d’escaliers bénéficieront aussi d’un coup de jeune et de vrais balcons seront créés. Tout autour, les espaces verts vont être repensés, en partenariat avec l’association Environnements solidaires, pour inviter les habitants du quartier à les réinvestir et créer du lien social.
« La résidente Montauban est une opération pilote », insiste l’USH. Si les résultats sont probants, le procédé pourrait être dupliqué plus largement. Avec un double enjeu : préserver les locataires HLM de la hausse des coûts de l’énergie et participer à la relance économique. 80 % des travaux étant réalisés par des entreprises de la région.
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La rénovation des 46 logements de la résidence Montauban (6,2 millions d’euros) s’inscrit dans le cadre de la réhabilitation du quartier du Moulin du Bois. 300 logements et 1 200 locataires sont concernés par ce programme ambitieux, chiffré à 23,1 millions d’euros. Pour le mener à bien, le bailleur social Atlantique Habitations a le soutien de Nantes Métropole, du Département, de l’État (subventions ANRU), de l’Europe (fonds Feder), d’Action Logement et de la Banque des Territoires.