Lancés en quelques jours après le confinement pour répondre à une précarité alimentaire croissante, les 54 potagers du projet « Nantes Paysages nourriciers » ont été productifs ! « Les résultats sont au rendez-vous, tant en termes de quantité que de lien social », assure Johanna Rolland. Alors que la fin des récoltes approche, la maire de Nantes a dressé un premier bilan de l’opération, jeudi 8 octobre sous les serres de la pépinière municipale, d’où proviennent 75 % des légumes produits.
« À ce jour, nous avons déjà récolté plus de 10 tonnes dans les potagers répartis en ville et dans tous les quartiers », détaille Romaric Perrocheau, directeur du Service des espaces verts (Seve) de la Ville de Nantes, à l’origine de cette initiative. Courgettes, choux kale, cardes, concombres, et plus tardivement tomates, butternut, pâtissons ou courges spaghetti… Tout au long de l’été, ces légumes ultra-locaux, cultivés sans pesticides, ont ensuite été distribués gratuitement aux familles en difficulté, par le biais d’une trentaine d’associations de quartier ou d’aide alimentaire.
25 tonnes de légumes, 2 500 bénéficiaires
Variables selon les sites et les sols, la récolte des légumes d’été se termine bientôt. Mais ce n’est pas fini ! La récolte des légumes d’automne est actuellement en cours sur les deux principaux sites de production (Grand-Blottereau et pépinière Nord), et va se poursuivre jusqu’à la fin du mois d’octobre. Pour ramasser ces pommes de terre, courges, haricots secs et patates douces qui se conserveront tout l’hiver, une centaine de bénévoles et de familles bénéficiaires sont conviés à une grande récolte participative, du 13 au 15 octobre à la pépinière du Grand-Blottereau. « On attend environ 15 tonnes, ce qui devrait permettre d’atteindre l’objectif de 25 tonnes de légumes distribués », estime le directeur du Seve. Cette récolte viendra alimenter une dernière distribution par quartier durant la 1re quinzaine de novembre. « Le reste des légumes sera remis à la Banque alimentaire, au Secours populaire, aux Restos du coeur et au Diaconat protestant », précise Catherine Daviaud, au Centre communal d’action sociale (CCAS), partenaire de l’opération.
« 25 tonnes de légumes, c’est loin d’être anecdotique, souligne Julie Laernoes, adjointe à la prospective et résilience, et vice-présidente de Nantes Métropole en charge de la transition alimentaire et de l'agriculture. Plus de 2 500 foyers ont pu bénéficier de ces légumes au fil de l’été. Il est essentiel d’aider les plus fragiles à faire face à leurs besoins vitaux ». Car la crise du Covid-19 - qui pourrait faire basculer, en France, 1 million de personnes dans la pauvreté d’ici fin 2020 - n’a fait que renforcer les difficultés des habitants les plus modestes à accéder à une alimentation saine et variée. Selon le baromètre IPSOS/Secours populaire, « 61 % des ménages aux plus faibles revenus se privent quotidiennement de fruits et légumes frais », relève Johanna Rolland. « Face au cri d’alarme des associations, on a cherché une solution simple et rapide à mettre en oeuvre », rappelle Romaric Perrocheau. En un temps record, 2,5 hectares de massifs et espaces verts appartenant à la Ville ont ainsi été convertis en potagers, avec l’aide de bénévoles et de deux jeunes agriculteurs des fermes urbaines de Doulon-Gohards.
Ce projet né dans l’urgence de la crise témoigne à la fois des difficultés posées par la pandémie et des formidables capacités d’adaptation de notre ville face au contexte inédit que nous traversons.
L’opération sera-t-elle pérennisée? « On dressera un bilan complet fin 2020 et il y aura sans doute des évolutions à envisager, mais au regard de la situation sanitaire et des impacts économiques et sociaux qui seront durables, il est important de rééditer ces Paysages nourriciers en 2021 », assure Johanna Rolland.
Un projet fertile pour le lien social
« Au-delà de sa vocation nourricière, cette expérience a aussi permis de renforcer le lien social, observe Catherine Daviaud, au Centre communal d’action sociale (CCAS). C’est une autre manière d’aller vers les personnes en situation de précarité ». Autour des distributions, plusieurs associations ont proposé des dégustations et des idées recettes, organisé des ateliers conserves ou des repas partagés. « Ces potagers en ville sont aussi l’occasion de redécouvrir des légumes, comment ils poussent, à quelle saison ils se ramassent, apprendre à les cuisiner et leurs bienfaits pour la santé ».