Emmener des jeunes à l’opéra n’a rien d’exceptionnel. Les faire monter sur la scène pour chanter, les impliquer dans la scénographie ou l’écriture du livret, voilà qui n’est pas banal ! Angers Nantes Opéra (ANO) s’est lancé dans cette aventure avec « Les Sauvages », un projet imaginé par la compagnie Frasques et porté par « les 4 Guillaume » – Hazebrouck, Carreau, Lavenant et Gatteau, chargés respectivement de la musique, la scénographie, le livret et la mise en scène. Les représentations, prévues en juin 2021, verront ainsi une cinquantaine d’enfants des Dervallières et du Breil monter sur la scène du théâtre Graslin.
Pourquoi ces deux quartiers nantais ? Frasques réside depuis une dizaine d’années à la Fabrique Dervallières-Zola. « Après notre arrivée, on a très vite rencontré les gens du quartier, dont les enseignants de l’école Chézine-Dervallières, avec qui on a monté des projets. Ça s’est enchaîné avec des créations partagées, impliquant différents publics du quartier, de la pratique artistique au collège Rosa-Parks, avec Nina Kibuenda… » énumère Guillaume Hazebrouck, directeur artistique de la compagnie.
Sa volonté d’impliquer plus avant les enfants et adolescents des quartiers dans de nouvelles créations artistiques a reçu un écho favorable à Angers Nantes Opéra, dont le directeur Alain Surrans multiplie les initiatives pour démocratiser l’art lyrique. « On avait noué il y a quelques années un premier partenariat avec ANO, autour d’un clip, raconte Guillaume Hazebrouck. Ça m’a donné envie de leur proposer un vrai opéra, joué et chanté par des jeunes des Dervallières. » « On a voulu donner tous nos moyens à ce projet émanant du terrain : l’atelier de décors, l’atelier de costumes... » précise de son côté Alain Surrans.
Une mystérieuse jeune femme
Prévue sur deux saisons, la production des « Sauvages » a commencé en 2019 par un travail en atelier mené par Guillaume Carreau avec une quinzaine de jeunes. « Ils ont élaboré une carte subjective de leur quartier, montrant comment ils le vivaient, le racontaient. Et ils ont donné une direction forte au projet en choisissant un site, à la frontière de l’urbain et de la nature, qui va être transposé sur la scène de l’opéra. » Guillaume Lavenant a ensuite monté des ateliers d’écriture avec les jeunes. « Cela m’a permis d’entendre leur langue, connaître leur vie, les thèmes qui les intéresse... », témoigne l’auteur, qui s’est nourri de ce travail pour écrire le livret des « Sauvages ». L’intrigue : une mystérieuse jeune femme qui s’installe dans ce lieu aux marges du « quartier » et dont l’arrivée va bouleverser les habitudes des habitants, dont les deux frères Nino et Pascuale et leurs bandes.
En juin 2020, Guillaume Hazebrouck a démarré la phase d’écriture de la musique. Et à la rentrée scolaire, tandis que Guillaume Gatteau débutait des ateliers de pratique théâtrale, les répétitions ont commencé avec les jeunes et les professionnels d’ANO. « Trois chœurs seront présents sur la scène de Graslin, précise le compositeur : celui de l’opéra, un chœur constitué par les CM2 de l’école Chézine-Dervallières et la chorale du collège Rosa-Parks. »
A l’approche des représentations, les jeunes des quartiers vont aussi être impliqués dans le travail de scénographie, dans la régie, « tout ce qui peut se passer dans les coulisses ». Marie-Bénédicte Souquet, artiste lyrique en résidence à ANO, Nina Kibuanda et le beatboxer Julien Stella seront aussi à l’affiche des « Sauvages ». Première représentation tous publics : le 23 juin au théâtre Graslin.