6 ans après son lancement, quel bilan peut-on faire de l’application App-Elles ?
App-Elles permet aux personnes confrontées à une situation de violence de demander de l’aide en alertant des proches, les urgences ou des professionnels de l’écoute. Depuis son lancement en 2015, l’application a été téléchargée 80 000 fois et on enregistre entre 3 000 et 5 000 appels ou dépôts de plainte par mois. Il est inquiétant de voir qu’autant de femmes aient besoin de cette application, mais « rassurant » de voir qu’elles connaissent cet outil et puissent s’en servir. Aujourd’hui, nous travaillons avec la Maison de la Tranquillité Publique et Citad’elles, pour élaborer de futures campagnes de prévention et de la pédagogie auprès des femmes. La Ville de Nantes va également lancer une campagne d’affichage à partir du 8 décembre.
Comment envisager la lutte contre les violences, après #Metoo ?
Je pense que contrairement à ce qu’on dit souvent, le mouvement #Metoo n’a pas « libéré » la parole des victimes. Les victimes parlent depuis longtemps. Mais depuis #Metoo, on les écoute enfin ! Elles ont aujourd’hui un espace d’expression dont elles peuvent se saisir pour faire comprendre au grand public que les violences physiques et psychiques sont présentes dans toutes les classes sociales et dans les cercles familiaux. Même si une prise de conscience générale a lieu, il reste encore un immense travail de prévention, d’écoute et de sensibilisation à accomplir.
Quels sont les prochains défis ?
L’enjeu actuel de la lutte contre les violences, c’est de réussir à parler à toutes les populations ! Il y a aussi un grand travail de pédagogie à accomplir pour expliquer comment fonctionnent les états de dissociation, de sidération ou d’amnésie traumatique… Tous ces phénomènes sont des mécanismes de défense que notre cerveau déclenche lorsque nous sommes victimes d’une agression ou d’un accident. Ils expliquent pourquoi certaines personnes oublient les faits, ou une partie des faits, pendant plusieurs années, ou que d’autres les racontent avec un détachement inattendu. C’est pourquoi la parole des victimes n’est parfois pas prise au sérieux. Comprendre comment fonctionne notre psyché permettra de mieux accueillir ces témoignages : et c’est une question d’éducation ! Il faut former les personnes à même d’aider les victimes : médecins, travailleurs sociaux, juges, avocats, infirmiers, policiers…
Qu’attendez vous du 25 novembre, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes ?
La lutte contre les violences faites aux femmes doit se poursuivre toute l’année, mais le 25 novembre est un moment clé pour se retrouver, s’informer et échanger sur le sujet. Les associations se mobilisent aux côtés de la Collectivité pour organiser des événements aux quatre coins de la ville. C’est aussi un signal fort envoyé aux victimes de violences, qui leur rappelle qu’elles ne sont pas seules ! À titre personnel, je présenterai le spectacle de slam Mots pour Maux auprès de lycéennes et de lycéens.
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