Quelle est l'origine de la journée mondiale des réfugiés qui s'est tenue dimanche 20 juin ?
"Cette journée a lieu le 20 juin depuis 2001, année du 50e anniversaire de la Convention de Genève. En 1951, un certain nombre d'États se sont mis d'accord sur le fait qu'il fallait protéger les réfugiés, des gens discriminés ou persécutés dans leurs pays d'origine et qui de ce fait s'exilaient et qu'il fallait leur accorder l'asile dans un autre pays. C'est ce qui fonde le droit d'asile contemporain. Au-delà de ces considérations liées à la date retenue, cette journée vise à sensibiliser le grand public à la cause des réfugiés dans le monde. De nombreux événements auront lieu au cours du 2e semestre pour faire valoir le droit d'asile à l'occasion de notre 50e anniversaire."
Quelle est la vocation du CADA à Nantes ?
"France Terre d'Asile défend une expertise, un plaidoyer et des actes sur le terrain. A Nantes, nous accueillons tous les demandeurs d'asile de Loire-Atlantique à la structure de premier accueil de Nantes (SPADA). Cela représentait près de 4 500 personnes en 2019 et 3 000 en 2020. C'est l'Office Français de l'Immigration et de l'Intégration (Ofii) qui décide d'attribuer une allocation et oriente vers l'hébergement. Comme il n'y a pas de place pour tout le monde, les plus vulnérables sont dirigées vers des structures comme le Cada. On accueille, dans le nôtre, 100 demandeurs d'asile pendant à peu près 18 mois. On les accompagne dans leurs démarches administratives et sociales, jusqu'à ce qu'elles obtiennent le statut de réfugié.
Que pouvez-vous dire des parcours des personnes qui arrivent ?
"Nous sommes formés aux questions du psycho-traumatisme car certains exilés ont été victimes de traite des êtres humains, d'autres sont des femmes victimes de violence. Les 50% de personnes qui n'accèdent pas au statut sont quant à elles déboutées de l'asile. Elles entrent dans une forte précarité car elles doivent se débrouiller pour repartir dans leur pays d'origine ou pour accéder au séjour par un autre motif que l'asile. C'est également un public relatif à notre champ d'activité. L'autre réalité que l'on constate, ce sont des parcours d'errance, majoritairement de jeunes hommes, partis d'Afghanistan ou d'ailleurs il y a déjà 10 ans et qui n'ont obtenu le statut de réfugiés nulle part. Eux aussi sont vulnérables. Cependant, on assiste aussi à des parcours d'intégration réussis, malgré des situations administratives et une réalité très complexes. On garde tous en mémoire le parcours d'une jeune Angolaise partie seule et qui a retrouvé sa mère en France. Elle a pu accéder au statut de réfugiée, apprendre le français à une vitesse folle, faire un volontariat en service civique, puis trouver un logement en résidence sociale. Quand on assiste à un parcours comme le sien à 21 ans, c'est très réjouissant. Car il faut reconnaître que les réfugiés sont déclassés professionnellement. Un parcours d'intégration peut parfois prendre dix ans pour certaines personnes. Les personnes l'ont intégré dès le départ. Elles ne viennent pas chercher l'eldorado mais la survie."