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Pr Didier Lepelletier : « Même vaccinés, continuons d'appliquer les gestes barrières ! »

Actualités Publié le 16 avril 2021

La vaccination s’accélère mais le virus circule encore. Pour limiter les risques de transmission, le dépistage, le respect des règles sanitaires et des gestes barrières restent indispensables. Le professeur Didier Lepelletier, chef de service d'Hygiène Hospitalière du CHU de Nantes et membre du Haut Conseil de la santé publique, livre quelques conseils.

Professeur Didier Lepelletier, chef de service d'Hygiène Hospitalière au CHU de Nantes
Professeur Didier Lepelletier, chef de service d'Hygiène Hospitalière au CHU de Nantes

Pourquoi devons-nous continuer à être vigilants ?

"Malgré la campagne de vaccination qui s’accélère, la crise sanitaire n’est pas terminée et il faut rester prudent. Le taux de circulation du virus reste élevé, tout comme le nombre de patients hospitalisés en réanimation. On observe aussi un certain relâchement des gestes barrières alors que des variants, comme le variant britannique, dont les propriétés de diffusion et de transmission sont plus développées, circulent activement sur le territoire. L’ensemble de ces facteurs obligent à prendre à nouveau des mesures collectives contraignantes : fermeture des écoles, limitation des déplacements géographiques à moins de dix kilomètres, télétravail…"

Quels sont les leviers d’action contre le virus ?

"Nous disposons de plusieurs leviers d’action contre le virus. La vaccination, bien sûr, mais aussi le dépistage et le respect des gestes barrières. Ces trois leviers doivent œuvrer de concert. Dans l’attente d’une couverture vaccinale plus large, il faut donc continuer de pratiquer les gestes barrières et les règles de confinement qui ont prouvé leur efficacité. À l’extérieur, il faut donc toujours respecter les deux mètres de distance dans une file d’attente, porter le masque, tousser ou éternuer dans son coude et se laver les mains régulièrement. Au sein d’un foyer, il est recommandé d’appliquer ces même réflexes, dans la mesure du possible, bien sûr. Il faut également aérer régulièrement, éviter les embrassades et ne pas organiser de regroupements interdits. Ceux-ci favorisent la transmission du virus."

Une fois vacciné, dois-je toujours respecter les gestes barrières ?

"Même s’il est prouvé scientifiquement que la vaccination protège contre les formes graves du virus (celles nécessitant une hospitalisation), elle n’empêche pas sa transmission ni sa circulation à l’heure actuelle. De même, on ne sait pas encore combien de temps dure l’immunité procurée par le vaccin. On sait cependant, grâce aux expériences israéliennes ou écossaises, que plus le taux de vaccination est élevé sur un territoire, plus le taux d’hospitalisation est faible. On peut donc atteindre une immunité collective. En attendant que l’on soit complètement vacciné ou non, il faut toujours respecter les mesures sanitaires, chez soi ou dans la rue, pour protéger les personnes encore exposées au virus. Encore un peu de patience, la campagne se démultiplie. Je ne doute pas qu’à la fin de ce trimestre contraignant, nous puissions commencer à rouvrir, progressivement, les lieux de vie. Je nourris même beaucoup d’espoir pour la reprise d’une vie normale en juillet !"

La vaccination permettra-t-elle d’éradiquer le virus ?  

"La stratégie de vaccination française est de cibler, en premier lieu, les personnes les plus fragiles (personnes de plus de 75 ans ou personnes atteintes de comorbidités) puis de vacciner le reste de la population pour atteindre une immunité collective. Mais cela ne veut pas dire que le virus sera éradiqué. On cherche avant tout à fortement limiter son impact pour le reléguer au rang des virus hivernaux habituels, comme la grippe, afin de retrouver une vie normale. En attendant d’être vacciné, n’hésitez pas à vous faire dépister, en cas de symptômes (maux de tête, toux, courbatures, perte du goût ou de l’odorat) ou avant de rendre visite à un proche fragile (personnes âgées, malades etc.)"