Dans les ralentissements pour accéder au pont Anne-de-Bretagne, les automobilistes vont avoir un peu de lecture. La Samoa et Air Pays-de-la-Loire ont installé un panneau lumineux qui donne la qualité de l'air en temps réel (mise à jour toutes les 30 mn), et distille des conseils et informations pratiques. De l'autre côté du boulevard Léon-Bureau, c'est un « totem » destiné au vélo. « Quand les cyclistes arrivent par le pont Anne-de-Bretagne, on ne connaît pas leur itinéraire, observe Hugues Du Puy, chef de projet open innovation à la Samoa. On a donc fait le choix d’indiquer la qualité de l’air en fonction de l’axe emprunté, avec trois itinéraires possibles : par le boulevard Léon-Bureau, par le parc des Chantiers ou par le quai François-Mitterrand. » Pour chaque itinéraire, un petit smiley s'affiche sur fond de couleur, avec un indicateur de qualité de l'air : dégradé, passable ou bon.
Ces mobiliers urbains, fournis par la société Lumiplan, sont installés pour cinq mois, et devraient être démontés en septembre prochain. L'objectif ? Evaluer à quel point être informé sur la qualité de l'air peut changer les comportements des habitants, notamment sur la mobilité. « Ce que l'on souhaite, c'est diminuer la pollution de l’air, et donc diminuer la place de la voiture en ville, notamment sur le pont Anne-de-Bretagne, résume Karine Pierre, cheffe de projet expérimentations à la Samoa. Il faut donc encourager les mobilités douces et décourager l'usage voiture, en faisant de la pédagogie vis-à-vis des automobilistes. L'idée est d'avoir un message positif. »
Faire changer les comportements
« Plusieurs études montrent que ce sont les infos personnelles qui font changer les comportements des gens, souligne Camille Magnan, cheffe de projet numérique à Air Pays-de-la-Loire. C’est aussi pour ça que nous avons fait des ateliers citoyens, pour bien cibler les messages. Ce sont les retours des citoyens, mais aussi des bornes de comptage qui détermineront si les itinéraires ont changé, qui nous permettront d'évaluer la réussite de l'expérimentation. »
« Notre vision est d’essayer de faire en sorte que le seul paramètre qui dicte nos choix du quotidien ne soit pas le temps, et que ça soit plutôt la santé, explique David Bréhon, directeur d'Air Pays-de-la-Loire. C’est simple d’agir sur les aliments, l’eau que l’on ingère. Mais pour l’air, l’enjeu est plus complexe pour deux raisons : il est invisible, et on a l'impression qu'on ne peut influencer sa qualité. Il faut donc une info facilement disponible et claire, et réaliser qu'on a beaucoup de moyens d'actions. » « L'air, c’est la première matière première que l’on consomme, nous en ingérons 20 kilos par jour, rappelle Franckie Trichet, vice-président de Nantes Métropole chargé de l'innovation et du numérique. On est tous égaux face à l’air.»
L'expérimentation, d'un coût total de 50 000 euros, est intégralement financée par le Conseil international pour les initiatives écologiques locales (ICLEI), une association parrainée par les Nations Unies. Elle s'inscrit dans le dispositif Nantes City Lab, porté par Nantes Métropole.
Bientôt une application sur la qualité de l'air
Dans le cadre du projet Aireal qui finance cette expérimentation, une application sera développée d'ici à la fin de l'année 2022, là encore dans le cadre du Nantes City Lab. Baptisée Naonair, elle proposera des données sur la qualité de l'air, mais aussi des itinéraires de déplacement. « On aura le choix entre l'itinéraire le plus rapide et celui sur lequel la qualité de l'air est la meilleure, détaille Camille Magnan. Si on a le temps, on peut se permettre de choisir itinéraire le plus sain.» L'application proposera également une trentaine de parcours sportifs et de balades, avec les informations sur la qualité de l'air, à destination des marcheurs, des coureurs et des cyclistes.