Que nous réserve l’extension du Jardin extraordinaire ?
[En images] Les curiosités végétales du Jardin extraordinaire
Publié le 26 sept. 2025
Dernière mise à jour 26 sept. 2025
Oreilles d’éléphant, hibiscus géants, fleurs et fougères surdimensionnées… Catherine Herbette, jardinière de la Ville de Nantes, nous emmène découvrir quelques-unes des surprises botaniques que réserve le jardin aménagé dans l’ancienne carrière Miséry.
À l’ouest, bougainvilliers et fougères arborescentes
« Le Jardin extraordinaire abrite des plantes méditerranéennes et tropicales : de gros hibiscus, des plantes à feuilles XXL, des bananiers et des poivriers du Timutet ou de Sichuan... Elles sont mêlées aux espèces qui étaient déjà présentes dans la friche : lierres, genêts, saules, chèvrefeuille, du houblon... », explique la jardinière qui bichonne le dernier-né des grands parcs de Nantes avec cinq autres collègues. « Regardez ce bougainvillier qui grimpe sur la falaise : il se plaît ici, comme beaucoup de plantes. En six ans, c’est devenu l’un des plus grands de Nantes », s’exclame-t-elle.
En 2019, plus de 25 000 végétaux ont été plantés dans la première partie du jardin. « Depuis, nous replantons tous les ans, précise-t-elle. Nous avons acheté à l’extérieur des plantes assez classiques, d’autres plus rares qu’on est allé chercher chez des spécialistes. Enfin, le Jardin des plantes et notre service de production du Grand-Blottereau produisent des petits bijoux, qu’on a ramenés. »
À l’entrée ouest du jardin, des maniocs – « qui donnent des petites fleurs roses et blanches discrètes et magnifiques » – ont poussé tout seuls au pied du pin wollemi, une espèce rare, contemporaine des dinosaures. « Dans les années 1980, il n’en existait que 200 spécimens en milieu naturel, raconte-t-elle. C’est la dernière espèce d’arbre qui ait été découverte, et les Australiens en ont vendu des graines à quelques jardins dans le monde. »
Un petit côté Jurassic park
Près de la cascade, l’eau dévalant de la falaise est devenue le paradis des végétaux au feuillage surdimensionné : les fougères arborescentes de Nouvelle-Zélande ont si bien poussé qu’on dirait des palmiers. « C’est le côté Jurassic park du Jardin extraordinaire ! » À côté, le très exotique tetrapanax – « aussi appelé plante à papier de riz » – produit un effet sensationnel avec ses feuilles palmées en éventail devenues gigantesques. « À ne pas mettre dans tous les jardins, car il peut vite se montrer envahissant », prévient Catherine Herbette.
La jardinière aime aussi les trésors plus discrets : l’abutilon du grand fleuve – ou lanterne de Chine –, un cousin des hibiscus, originaire du sud du Brésil et d'Uruguay, qui produit inlassablement de curieuses fleurs bicolores avec un cœur jaune entouré d'un calice rouge vif ; le cornouiller de Hong Kong, assez rare avec ses petites fleurs rose pâle, légèrement parfumées, qui laissent place à des fruits ronds et rouges aux allures de fraises ; ou encore le toona (acajou de Chine) qui se pare au printemps de longues fleurs d’un rose vif spectaculaire. « En mars-avril, on ne voit plus que lui ! »
Des surprises en toutes saisons
« Nous avons fait en sorte qu’il y ait des végétaux à admirer en toutes saisons », souligne la jardinière. En ce moment, ce sont les colchiques sauvages – « qui fleurissent à la fin de l’été comme dans la chanson » – et les hedycium, de grosses racines de la famille du gingembre au feuillage luxuriant, venues d’Asie et de l’Himalaya. « Elles disparaissent complètement l’hiver avant de renaître dans une floraison parfumée composée d’épis de fleurs blanches, rouges ou orangées. » À partir de janvier, poursuit Catherine Herbette, « ce sera le sophora, un petit arbuste habillé d'un feuillage finement découpé, vert foncé argenté, et d'une floraison d'un jaune d'or éclatant. »
Intarissable, la jardinière nous parle aussi « des plantes d’eau qui prolifèrent » (talhias, papyrus, vanille d'eau, etc.), des cassias dont « le feuillage a l’odeur du pop-corn ou de la cacahuète » et du gunnera qui évoque une rhubarbe surdimensionnée avec son feuillage opulent. Elle nous montre la bambouseraie, les hibiscus moscheutos, caractérisés par leurs fleurs énormes, les figuiers de barbarie et l’avocatier « qui s’est si bien acclimaté au pied de la falaise qu’il donne de vrais avocats », ou encore le flamboyant d'Hyères, une espèce plus connue sous le nom de glycine écarlate qui fleurit l’été de manière éclatante. « Ses fleurs rouges orangées sont proches du genêt et il se ressème spontanément grâce à ses gousses contenant des petits pois bruns recouverts d'une coque coriace. »
À elle seule, la première partie du jardin compte entre 500 et 600 espèces différentes. « On peut y passer la journée sans jamais se lasser », assure Catherine Herbette. Et la visite est loin d’être terminé ! 37 000 vivaces, arbustes et bulbes et plus de 295 nouveaux arbres prennent racine dans l’extension est qui ouvre les 11 et 12 octobre 2025.
À l’est, plantes carnivores et oreilles d’éléphant
Franck Leminoux prend le relais pour nous guider au gré des nouveautés de cette seconde partie du jardin. En cheminant dans les allées, on croise d’abord une petite rivière qui surgit des cailloux dans un bouillonnement un peu mystérieux. Le fil d’eau traverse une tourbière, bordée de plantes carnivores « apportées du Jardin des plantes » : droséra, dents de la terre et sarracénie voisinent avec des azalées et des iris. « Les libellules et les grenouilles se plaisent déjà beaucoup dans la rivière, observe le jardinier. Cet hiver, les canards ont aussi investi les lieux, plus tranquilles. » Un trèfle à quatre feuilles « rarissime » semble aussi apprécier ce nouveau paysage. « L'espèce a quasiment disparu des bords de Loire mais ici il prolifère », observe, ravi, Loïc Mareschal, le paysagiste concepteur du jardin (agence Phytolab).
« Comme dans la première partie du jardin, nous avons conservé un esprit jungle, un peu démesuré, explique-t-il. On a des bananiers, des fougères et des amorphophallus konjac, une sorte d'arômes à feuilles géantes à l'aspect un peu préhistorique qui sentent très mauvais mais qui produisent des fleurs magnifiques et attirent une multitude d'insectes... » Quelques pas plus loin, une forêt de troncs émerge de la zone humide. Chênes, saules, sorbiers… « Nous avons sélectionné des spécimens au feuillage persistant, en mêlant essences locales et venues d’ailleurs comme le camphrier », précise Loïc Mareschal. Au milieu de cette laurisylve (forêt subtropicale humide), un parcours sensoriel en bois invite petits et grands à s’aventurer pieds nus sur les troncs « pour retrouver un contact direct avec la nature ».
Gingembres, combava et oiseaux de paradis
De l’autre côté du sentier, l’immense bassin de baignade attend sa mise en eau. La couleur de la pierre ressemble à s’y méprendre à la roche de la falaise. Loin des pataugeoires traditionnelles, les paysagistes ont recomposé un paysage rocailleux, avec des îles et des rochers à escalader. « On croirait que les pierres sont tombées de la falaise, mais c’est bien nous qui les avons apportées ! précise Franck Leminoux. Comme pour la cascade, le paysagiste a prospecté plusieurs départements pour en trouver qui ressemblaient à celles de Miséry. Il en acheté à des agriculteurs qui les avait évacuées de leurs champs et les avaient stockées. »
Autour de cette île mystérieuse, s’épanouissent gingembres, cycas et strelitzia – « les fameux oiseaux de paradis » – et des oreilles d’éléphant (colocasia) au feuillage noir. « Des plantes en limite de rusticité qu’on peut se permettre de planter ici grâce au micro-climat de la carrière. » « Les parois de la falaise stockent la chaleur et la restituent la nuit, il fait facilement 3 à 4 degrés de plus qu’en centre-ville et il gèle très rarement. » Une situation propice à faire pousser des essences tropicales, qui deviendront vite luxuriantes, comme dans le verger aménagé au pied de la falaise, à l’extrême est du jardin.
« C’est la partie la plus chaude de la carrière. Nous avons planté des grenadiers, des combavas, des arbousiers et des citronniers sauvages, raconte Franck Leminoux. Il y a même un goyavier du Brésil que les jardiniers du square des Rossignols ont sauvé lors de la rénovation du square. Il produit des petits fruits au goût de fraise dont on fait des confitures. » Au-dessus de nos têtes, s’élève une grande pergola métallique, petit paradis pour les plantes grimpantes qui s’y accrochent : courges pèlerine, kiwis ou encore passiflores « qui donneront de vrais fruits de la passion, comestibles ». Un espace ombragé pour se poser et profiter du paysage qui s’étoffera cet hiver d’une forêt d’eucalyptus et d’un très beau magnolia Elizabeth, « symbole de Nantes ».
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1 cascade de 25 m avec à un bassin de 1 000 m² à son pied
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700 m² de bassin pour se baigner et 1 marais de 1 200 m²
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62 000 vivaces, arbustes et bulbes, et 350 arbres plantés en plus des 140 arbres existants conservés
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[Notre dossier] Le rideau se lève sur un Jardin (encore plus) extraordinaire
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Bon à savoir
Le Jardin extraordinaire sera fermé du 6 au 10 octobre 2025 afin de finaliser les aménagements avant l'ouverture de la partie Est le 11 octobre.