Que nous réserve l’extension du Jardin extraordinaire ?

Publié le 26 sept. 2025

Dernière mise à jour 26 sept. 2025

Après deux ans de travaux, ce jardin public aussi spectaculaire que dépaysant s’épanouit désormais sur les 3,5 hectares de la carrière Miséry. On vous dévoile 5 de ses pépites, à découvrir en intégralité lors du premier week-end d’ouverture les 11 et 12 octobre 2025.

1. Un bassin pour se baigner

  • En écho à la cascade de 25 m ouverte en 2019 dans la première partie du jardin, la dalle de béton qui recouvrait l’Est de la carrière laisse aujourd’hui place à un grand bassin de baignade. © Marc Roger

En écho à la cascade de 25 m qui dévale de la falaise dans la première partie du jardin ouverte en 2019, la dalle de béton qui recouvrait l’Est de l’ancienne carrière laisse aujourd’hui place à une pièce d’eau de 700 m². « Ce bassin, inscrit dans un cadre naturel, avec ses îles et ses rochers, est une réinterprétation des pataugeoires », expliquent Loïc Mareschal et Matthieu Théaudin, paysagistes de l’agence Phytolab concepteurs du jardin. Aux beaux jours, les enfants pourront s’y baigner dans une eau peu profonde (40 cm), pendant que les plus grands profiteront du panorama sur la falaise, la Loire et la future Cité des imaginaires. L’eau, animée par un effet de vortex tourbillonnant, sera filtrée sans chlore grâce aux plantes (roseaux, iris d’eau, menthe aquatique, etc.) et un système de filtres à sable et à UV. « Cette ingénierie végétale permettra de conserver une qualité d’eau saine, conforme aux normes de baignade », précisent-ils. En période estivale, cette pataugeoire nouvelle génération offrira un nouvel îlot de fraîcheur au cœur de la ville. Son action rafraîchissante est complétée par des effets de brume, dispersés autour du bassin, dans le marais et la laurisylve (lire ci-dessous). 

C'est technique, on vous explique

Le système est alimenté par deux cuves de 50 mètres cubes situées à 3,50 mètres de profondeur. « La première cuve sert à alimenter le bassin en circuit fermé et à créer différents effets – tourbillon, bouillonnement, lame d’eau - , la seconde récupère le trop plein lié aux pluies pour arroser la végétation du parc, explique Samuel André, chez Phytolab. L’objectif est de ne perdre aucune goutte. » L’alimentation du marais se fait elle aussi en circuit court : l’eau provient de l’ancien forage des Brasseries de la Meuse, qui occupaient le site autrefois. Situé à 90 m de profondeur sous le jardin, il a été remis en service pour l’occasion.

  • Image de synthèse du local technique et des toilettes publiques du Jardin extraordinaire.
    Imaginé par Mabire-Reich architectes, le local technique du bassin du Jardin extraordinaire sera recouvert de plantes grimpantes. © Mabire-Reich architectes

Cette machinerie bien huilée est pilotée depuis un local technique, regroupant aussi des sanitaires publics, les vestiaires et l’outillage des jardiniers à l’entrée du parc. Bien visible, la construction, imaginée par Mabire Reiche architectes, va progressivement se fondre dans le paysage. « L’idée est que ce petit bâtiment en béton, bois et chanvre, brille par son absence pour laisser place à la nature et ne pas entraver les vues vers la future Cité des imaginaires, la Loire et la Maison radieuse », souligne Antoine Mabire. Recouvert d’une pergola métallique, ce dernier disparaîtra progressivement sous les plantes grimpantes (houblon, clématite bleue de Chine, chèvrefeuille rose, etc.). « Et la façade en inox des sanitaires reflétera la végétation », complète l’architecte.

2. Un verger exotique

  • Le verger exotique du Jardin extraordinaire est ombragé par une grande pergola métallique qui va se couvrir de courges, kiwis et passiflores. © Patrick Garçon

Sous les voies d’escalade, aménagées sur la falaise, arbousiers, citronniers sauvages, hibiscus, avocats et grenades prennent racine. Les visiteurs pourront s’y détendre autour de grandes tables en bois pour profiter de la vue et de la fraîcheur créée par une pergola où grimpent courges, kiwis et passiflores. « Elle donneront de vrais fruits de la passion comestibles, assure Matthieu Théaudin. Dans quelques années, la végétation deviendra exubérante. Nous ramènerons des spécimens rares pour constituer des collections qui perpétueront la longue tradition horticole nantaise, issue des voyages. »

3. Un parcours d'aventure en forêt

  • Dans la partie la plus boisée du Jardin extraordinaire, un parcours sensoriel en bois invite petits et grands à s’aventurer pieds nus pour se reconnecter à la nature. © Marc Roger

Derrière le bassin, un petit boisement a été reconstitué : chênes, saules, sorbiers, camphriers, lauriers… « Nous avons sélectionné des spécimens au feuillage persistant, en mêlant essences locales et venues d’ailleurs », indique Loïc Mareschal. Au milieu de cette « laurisylve » (forêt subtropicale humide), un parcours en bois invite petits et grands à s’aventurer pieds nus sur les troncs « pour retrouver un contact direct avec la nature ». Une expérience surprenante !

4. Un marais et des plantes carnivores

  • Au coeur du Jardin extraordinaire, un marais aux airs de mangrove va s'épanouir. © Patrick Garçon

En cheminant vers la première partie du jardin, point d'étape des balades nature de l'Etoile verte, une petite rivière surgit mystérieusement des cailloux avant de se transformer en marais. Propice à la biodiversité, ce fil d’eau planté d’iris et de saules aux racines aériennes accueille déjà des libellules et une multitude de grenouilles. Il débouche sur une tourbière, qui deviendra le paradis des plantes carnivores. « Dans deux ou trois ans, on se retrouvera immergé au milieu des roseaux », se projette Loïc Mareschal. Dépaysement garanti ! « Avec ses eucalyptus et ses fougères arborescentes, évoquant les paysages de Nouvelle-Zélande, ce jardin est une invitation au voyage, lance-t-il. Accessible en transport en commun et en Navibus, il permet de s’évader gratuitement, sans quitter Nantes. »

5. Escalade et via ferrata

  • Un homme escalade la falaise du Jardin extraordinaire.
    110 voies d'escalade sont ouvertes aux grimpeurs sur le front de taille de la carrière Miséry. © Archives Ville de Nantes

Avis aux amateurs de sensations fortes. Sur ce site atypique à deux pas du centre-ville, petits et grands pourront pratiquer toute l’année des sports de montagne. 30 voies d’escalade ont déjà été installées sur les parois de la falaise, en plus des 80 ouvertes en 2021, complétées par trois lignes de slackline de 5 à 25 m, et deux highlines, suspendues à 20 m de haut et réservées à des pratiquants expérimentés dont on pourra admirer les prouesses. Une dernière nouveauté est attendue au printemps 2026 : une via ferrata, dotée de deux parcours de difficulté modérée. L'aménagement est en cours pour accrocher sur le front de taille deux passerelles, suspendues dans le vide à 20 m de haut, et offrir un parcours de 400 mètres au total (comptez 1h30 à 2h). En accès libre, pour les plus de 12 ans uniquement, il permettra de découvrir le panorama sur le jardin et la Loire sous un angle inédit. Unique en son genre, ce site d’activités rupestres en pleine ville sera gratuit et ouvert aux pratiquants expérimentés comme aux novices, munis de leur équipement (baudrier, casque, cordages, etc.).

« 

Tout était déjà présent pour donner naissance à un jardin unique

 »

Matthieu Théaudin, paysagiste concepteur (agence Phytolab)

Matthieu Théaudin, paysagiste concepteur (agence Phytolab). © Capucine Girard-Colombier

« Le site où est implanté le Jardin extraordinaire, face à Trentemoult et à l’île de Nantes, a une puissance géographique incroyable. Tout était présent pour donner naissance à un jardin unique, assure Matthieu Théaudin, paysagiste concepteur (agence Phytolab). C’est le lieu où se rencontrent deux « monuments » de la nature : la Loire et le Sillon de Bretagne, longue faille granitique qui court sur plus de 300 km de la pointe du Ratz jusqu’à Nantes. Cette carrière, exploitée dès le 16e siècle, a aussi une histoire. Elle a alimenté nombre de constructions dans toute la ville avant d’abriter l’un des plus importants fabricants de bière français, les Brasseries de la Meuse. L’endroit a nourri l’imaginaire de Jules Verne enfant, qui vivait à deux pas d’ici sur la butte Sainte-Anne. La carrière, protégée des vents avec ses falaises de 25 m, bénéficie par ailleurs d’un micro-climat. Propice à faire pousser des essences comme des avocats qui gèleraient 100 mètres plus loin, il favorise une végétation luxuriante et nous permet de tester les végétaux qu’on pourra planter à l’avenir avec le réchauffement climatique. »

Deux jours de visites et d’animations gratuites

Pour découvrir ce projet paysagé luxuriant inspiré des Voyages extraordinaires de Jules Verne, Nantes Métropole invite petits et grands à un week-end d’explorations gratuites, samedi 11 et dimanche 12 octobre 2025.