C’est la star du jardin en hiver. Pour observer de près l’incroyable collection de camélia nantais, le Jardin des plantes ouvre, à partir du 1er février, un labyrinthe au cœur des massifs et propose un jeu de piste pendant les vacances scolaires. Avant de vous lancer, révisez vos classiques !
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1. D’où vient le camélia ?
Aussi populaire que la rose chez nous, le camélia est originaire du sud-est asiatique. Il prospère au Japon, en Corée, au Vietnam, en Birmanie… Son nom serait un hommage au moine jésuite Camel, botaniste missionnaire aux Philippines, qui aurait découvert l’arbuste lors d’un voyage en Chine en 1700. Son introduction en Europe remonte au XVIIIe siècle, où on le cultivait alors uniquement en serre. Il apparaît pour la première fois en France en 1783.
2. Comment est-il arrivé à Nantes ?
Le camélia est arrivé à Nantes à l’initiative d’un certain Ferdinand Favre, copropriétaire de la principale fabrique nantaise d’indiennes et maire de la ville de 1832 à 1848 et de 1852 à 1866. « En 1806, ce maire éclairé introduit à grands frais des graines de camélias achetées en Angleterre, avec l’intention d’acclimater cet arbuste à la région, en pleine terre », raconte Jacques Soignon, ancien directeur sur Service des espaces verts et de l’environnement (Seve) de la Ville de Nantes, co-auteur du livre 1001 caméllias à Nantes et dans toute la Bretagne, avec René Mahuas (éditions D’Orbestier). Pari réussi à force des semis successifs, réalisés pendant plus de 30 ans. « Ce féru de botanique a possédé jusqu’à 7 000 pieds de camélias dans sa propriété du Clos sur l’eau, à Saint-Sébastien-sur-Loire », précise Jacques Soignon. D’autres pépiniéristes et horticulteurs nantais, comme Noisette, Henri Guichard ou encore Jean Heurtin, suivent ses traces. En l’espace d’un siècle, ils obtiendront plus de 100 nouvelles variétés. Très rapidement, la région nantaise devient le plus grand centre de production en France. « Grâce au chemin de fer qui dessert Nantes à partir de 1851, les fleurs blanches du camélia Nobilissima, cueillies le matin à Nantes, se retrouvaient le soir même à Paris, à la sortie des théâtres », souligne Nicolas Le Mouël, jardinier municipal chargé de veiller sur la collection nantaise de camélias.
3. Pourquoi trouve-t-on de nombreux camélias dans les grandes propriétés ?
« À l’époque, un camélia coûtait très cher. En posséder un dans son jardin était un signe ostentatoire de richesse. C’est la raison pour laquelle on en retrouve dans les grandes propriétés de la ville, explique Jacques Soignon. Le prix pouvait atteindre l’équivalent de 40 000 € pour une variété exclusive ! »
4. Pourquoi se plaît-il dans les jardins nantais ?
Le camélia aime les sols un peu acides et bien drainés. Il a besoin d’une bonne humidité atmosphérique et d’un climat doux. Des conditions que l’on retrouve autour de l’ancien massif granitique armoricain, en particulier à Nantes où le climat océanique, avec des hivers doux, lui convient comme un charme.
5. La collection nantaise est-elle reconnue ?
La première mention de la collection de camélias au Jardin des plantes apparaît en 1839 dans un courrier adressé par Jean-Marie Écorchard au maire de Nantes. Le botaniste, qui deviendra l’année suivante directeur du jardin, plaide pour la constitution d’une véritable collection : « Quant à la collection de camélias, elle trouverait également sa place au Jardin des plantes qui, grâce aux mains mercantiles de ceux qui ont été jusqu’à ce jour chargés de sa culture, ne possède pas un seul de ces jolis arbustes ! N’est-il pas honteux pour une ville comme Nantes de ne pas trouver dans le jardin public, les plantes mêmes qui se trouvent dans tout jardin privé passablement tenu ! ». Deux siècles plus tard, cette richesse botanique rayonne bien au-delà de la région nantaise. Avec une double consécration : en 2009, la Ville de Nantes a obtenu le titre de Collection nationale de référence pour ses camélias. Depuis 2016, le Jardin des plantes est reconnu « Jardin international d’excellence du camélia » par la Société internationale du camélia.
6. Combien de variétés peut-on admirer à Nantes ?
Les camélias sont très présents dans les parcs et jardins nantais. « Nantes dispose d’une collection unique en France », assure Aurélien Bour, botaniste de la direction Nature et jardins de la Ville de Nantes. Rouge, rose, blanc, avec une simple ou plusieurs fleurs imbriquées, espèces sauvages ou horticoles… Le Jardin des plantes abrite à lui seul pas moins de 1 200 pieds de 600 variétés différentes. Pendant la période de floraison, des sentiers permettent de s’aventurer au cœur des massifs pour observer les fleurs de près (lire ci-dessous). On trouve également une concentration importante de camélias à l’arboretum du cimetière-parc, au parc de Procé, au parc de la Gaudinière, à la Beaujoire et plus d’un millier dans la pépinière municipale du Grand-Blottereau. Sans compter les nombreux spécimens présents dans les jardins privés et dans les squares de quartier.
7. Y a-t-il des camélias typiquement nantais ?
Depuis plus de deux siècles, les pépiniéristes et horticulteurs nantais ont perpétué l’œuvre de Ferdinand Favre. De nombreuses variétés, obtenues localement, évoquent le nom de la ville ou de ses personnages illustres : Beauté de Nantes, Gloire de Nantes, Camellia japonica Jacques Demy, Général de Lamoricière, Elisa Mercoeur, ou encore Noisette, du nom de deux frères, l’un créateur du Jardin des plantes, l’autre botaniste célèbre… Un camélia « Souvenir de La Beaujoire » rend même hommage au stade des Canaris ! « Depuis quelques années, nous recréons une collection de camélias botaniques, non issus de l’hybridation par l’homme et que l’on retrouve à l’état naturel en Chine et au Japon », complète Nicolas Le Mouël.
En 2018, à l'occasion du Congrès international du camélias accueilli à Nantes, un nouveau camélia a été baptisé « Lady de Nantes ». Issu d’une nouvelle variété obtenue par Fañch Le Moal, il rend hommage aux femmes de l’histoire nantaise et évoque l’édit de tolérance signé dans la cité des Ducs de Bretagne en 1598. Sa marraine n’est autre que la maire de Nantes, Johanna Rolland.
8. Quels sont les camélias les plus légendaires ?
« Le camélia le plus répandu est le Nobilissima, un camélia blanc autrefois célèbre car ses fleurs étaient coupées et envoyées à la capitale pour en faire des boutonnières que les nobles dames exposaient sur leur corsage », raconte Nicolas Le Mouël. Lui, préfère une très vieille espèce du XVIIIe siècle - le camélia Bokuhan -, son coup de cœur. « Malgré son âge, il a une fleur très moderne, avec un cœur simple et graphique ». Il y a aussi le camélia des samouraïs, le Sinensis d’où provient le thé, l’Oleifera, connu pour l’huile que l’on tire de ses graines, ou encore le Granthamiana, « une espèce très rare découverte tardivement en 1955 dans la province de Hong Kong, alors qu’on pensait tout connaître des camélias ».
Les camélias sont généralement peu parfumés, un défaut qui, en 1848, n’était pas pour déplaire à Marguerite Gautier, dont c’était la fleur préférée. La raison ? L’héroïne de La Dame aux camélias, atteinte de crise de phtisie, était hyper sensible aux odeurs ! Depuis, Japonais et Américains ont obtenu des variétés parfumées, nommées Hihg Fragrance, Quintessence…
Du samedi 24 février au dimanche 10 mars 2024 au Jardin des plantes, petits et grands peuvent se lancer dans une chasse aux camélias, ludique et instructive, en participant au jeu de piste « Camélias, attrapez-les tous ! ». Objectif : retrouver, grâce à un livret et des indices, six camélias singuliers et 3 camélias légendaires. Si vous gagnez, vous pourrez arborer fièrement le badge de dresseur de camélias que l’on vous aura remis à l’accueil ou repartir avec une cocotte en papier permettant d'en apprendre plus sur les camélias . Animation gratuite pour toute la famille
Adapté aux enfants à partir de 6 ans, accompagnés d’un adulte
Livret à retirer à l’accueil du Jardin des plantes
Tous les jours de 10h30 à 11h45 et de 13h30 à 16h45
Renseignements et réservation groupes (centres de loisirs, EHPAD …) : 02 40 41 65 09.
Pratique
Jusqu’en avril, aventurez-vous au cœur des massifs de camélias
Pendant la période de floraison, le Jardin des plantes ouvre exceptionnellement ses massifs aux promeneurs. Jusqu’au mois d'avril, un labyrinthe végétal permet ainsi de s’aventurer parmi les plantes pour observer la collection de camélias de l’intérieur. En accès libre, tous les jours de 8h30 à 17h15.