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Inmob, la recherche au service de l’inclusion

Publié le 29 janvier 2024

Porté par l’Université Gustave Eiffel et l’entreprise Okeenea, Inmob est un projet de sciences participatives dédié à la mobilité des personnes déficientes visuelles. Focus sur les travaux de recherche d’une équipe en quête d’innovations pratiques au service des usagers.

La photo représente une personne malvoyante équipée d'une canne blanche, d'une petite balise carrée sur la main, et une sur le pied, prête à marcher sur un parcours balisé, sous le regard d'une personne qui prend des notes.
Le laboratoire Géoloc expérimente en compagnie d'usagers malvoyants (source : Projet Inmob)

Le campus de l’Université Gustave Eiffel de Bouguenais est discret et éloigné des grands axes de circulation. Pourtant, quand on franchit les portes de Géoloc, on y ressent l’effervescence propre aux laboratoires de recherche. Au sein du vaste complexe, dans un bâtiment en retrait, une équipe de chercheuses et de chercheurs, d’ingénieurs, confirmés ou débutants, travaille avec application sur le projet Inmob.

Quand on aborde le sujet de la géolocalisation, du calcul de coordonnées en temps réel et l’apport de l’intelligence artificielle, on peut s’attendre à des explications éminemment techniques. Pourtant Valérie Renaudin, la directrice, et Frédéric Le Bourhis, assistant de laboratoire en résument très simplement les enjeux : « l’idée de l’outil sur lequel nous travaillons est d’augmenter la mobilité des personnes déficientes visuelles et d’accroître leur autonomie et donc au final leur inclusion. »

Des applications de guidage il en existe beaucoup, des plus généralistes aux plus confidentielles, mais aucune ne s’avère réellement adaptée. « Nous sommes nombreux à avoir dans notre poche un smartphone avec des applications de guidage, mais le problème principal est que celles-ci ne sont ni assez précises ni assez fiables pour répondre aux besoins des personnes déficientes visuelles ».

Car leurs besoins sont en effet différents, et les éléments à prendre en compte nombreux. C’est un subtil équilibre entre le maintien des capacités de perception des usagers et usagères et le confort que peut leur apporter l’assistance technologique. Le guidage dans l’espace avec une application standard répond normalement à un besoin simple : aller d’un point à un autre le plus rapidement possible. « Pour les personnes mal ou non-voyantes, ça n’est pas ce type de calcul d’itinéraire qui est le plus approprié. Le temps et la distance sont importants mais c’est surtout la sécurité qui prime » indique Valérie Renaudin.

La photo représente une personne malvoyante équipée d'une canne blanche marchant sur une piste d'athlétisme, suivie par deux personnes du laboratoire qui la filme et s'assurent de sa sécurité.
Sur une piste d'athlétisme, en ville ou sur le campus, les expériences sont nombreuses et variées

Pour répondre à cet enjeu, et parce que la vue ne permet pas de confirmer la position dans l’espace, Inmob développe le concept de « réassurance ». Un concept qui intègre d’autres éléments, d’autres repères utiles pour s’orienter : des ancres spatiales. « Ces ancres peuvent être tactiles, comme des murs ou des bandes podo-tactiles, mais aussi visuelles, comme une boite aux lettres jaune par le contraste qu’elle peut apporter aux personnes malvoyantes. Elles peuvent également être auditives au travers de l’écho indiquant la hauteur des bâtiments ou olfactive, si vous sentez l’odeur de votre boulangerie préférée » complète la directrice du laboratoire. Les recherches vont encore plus loin avec des réflexions sur la position du smartphone dans les vêtements, le profil des marcheurs et des marcheuses, tous les éléments susceptibles d’améliorer la précision et la fiabilité de la géolocalisation et donc, au final du guidage. Dans cette optique, Nantes Métropole a d’ailleurs partagé certaines de ses données géographiques avec le laboratoire afin de contribuer aux recherches en cours.

Loin de travailler en vase clos, le laboratoire a souhaité intégrer l’expertise d’usage dès le démarrage de ses recherches. Les chercheurs et les chercheuses travaillent donc avec des volontaires recrutés pour venir partager leurs expériences mais aussi fournir des données lors de parcours en ville ou sur le campus de l’université. Actuellement, une petite dizaine de volontaires collaborent avec le laboratoire « mais nous cherchons continuellement de nouvelles personnes » conclut Frédéric Le Bourhis. « Nous devons récolter plus de données, plus de profil différents. Tout le monde peut venir, la seule condition est de pouvoir s’investir sur la durée, à savoir sur 4 à 5 rendez-vous de 2h par an environ ». Petit gage de qualité, le Laboratoire collabore avec l’institut OCENS et a été sensibilisé et formé à l’accueil des personnes déficientes visuelles par l’association Valentin Haüy.

Pour plus d’information, le laboratoire a réalisé une série de podcasts présentant le projet et différents retours d’expérience.

Devenir testeur ou testeuse

Vous souhaitez vous porter volontaire pour devenir testeur ou testeuse ? Plusieurs possibilités s’offrent à vous :
- le formulaire à remplir sur le site du laboratoire
- le numéro de téléphone : 02 40 84 56 22

Evènement

Le 11 mars, la piste d’essai du campus de l’université est inaugurée. Plusieurs ateliers de restitution des travaux sont, à cette occasion, présentés pour connaître les avancées du projet.

L’évènement est ouvert à toutes et tous. Vous pouvez retrouver le programme des ateliers à ce lien.