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« La transhumance en ville est un chouette projet ! »

ActualitésPublié le 26 juin 2023

Tout le monde l’appelle Déborah la bergère pourtant elle préfère intervenante en médiation par l’animal. Depuis mi-mars, Déborah Biret accompagne la TranshuNantes, une transhumance en ville, de parc en parc, avec un troupeau de 11 moutons. Rencontre.

Déborah Biret est intervenante en médiation par l’animal et affirme que « les bergères et bergers sont les jardinières et jardiniers qui s’occupent d’eux tous les jours ! » © Romain Boulanger
Déborah Biret est intervenante en médiation par l’animal et affirme que « les bergères et bergers sont les jardinières et jardiniers qui s’occupent d’eux tous les jours ! » © Romain Boulanger

Quel est votre parcours ?

« Je suis issue du milieu agricole, ma mère est éleveuse de chevaux. J’ai un diplôme en polyculture et élevage et j’ai travaillé comme intervenante en médiation par l’animal auprès de publics en situation de handicap et socialement isolés. Suite à des demandes, j’ai créé des fermes itinérantes pour emmener les animaux au plus près des publics. 
Il y a quatre ans, en arrivant à Nantes, j’ai suivi une formation sur l’agriculture urbaine, ce qui m’a permis de rencontré Jonathan Mainguy, le responsable des animaux à la direction Nature et Jardins de la Ville de Nantes avec qui j’ai imaginé le projet TranshuNantes. » 

Comment avez-vous préparé le troupeau à cette transhumance ?

« J’ai travaillé pendant un an et demi pour créer un troupeau sur-mesure. J’ai sélectionné trois brebis gestantes que j’ai suivies pendant toute la gestation, la naissance et le sevrage. L’idée était de créer de l’attachement avec ce troupeau et qu’il soit soudé par des liens familiaux. Ensuite, avec Bruno Berthelot, régisseur technique, nous avons désensibilisé les moutons aux stimuli de la ville avec du son d’abord (voiture, klaxon…) puis en les mettant en présence de chiens, d’enfants… »

 

Et les agents de la ville qui vous accompagnent ?

« Les jardinières et jardiniers avaient pour beaucoup déjà participé à des projets d’éco-pâturage donc il a juste fallu se former sur les déplacements dans la ville, la coordination entre nous. Ensuite je leur ai fait un petit trombinoscope des moutons avec la photo, le numéro de boucle et le trait de caractère de chacun pour qu’ils puissent les reconnaître. 
Il y a par exemple Tagada qui nous pousse pour marcher entre nous et ne nous attend plus quand on arrive en vue du parc. Trotro qui s’arrête toujours pour manger une fleur, brouter et Titeuf qui saute sur le dos des autres pour qu’ils avancent plus vite. »

Y a-t-il eu des difficultés particulières lors de la transhumance ?

« Globalement non, tout s’est très bien passé. Nous avons eu l’aide de la police pour sécuriser les déplacements, les agents de la Ville ont fait de la médiation en amont de notre passage auprès des passants, des automobilistes. Et les moutons étaient imperturbables ! J’ai été étonnée qu’ils réagissent aussi peu. Le seul "problème" que nous avons rencontré, c’est devant une vitrine de magasin : ils ont vu leur reflet, ils se regardaient et ne voulaient plus avancer. »

Comment réagit le public en voyant le troupeau ?

« Les gens dans leur voiture patientent en regardant ou en filmant, les piétons nous accompagnent un peu, toutes et tous sont plutôt émerveillés et amusés de voir des moutons dans la ville. Les animations dans les parcs se passent très bien grâce à la scénographie et le mobilier pédagogique qui est très bien pensé et donne beaucoup d’informations. Je réponds à quelques questions et je mets le public en contact avec les animaux. Les enfants sont ravis de repartir avec la BD de la transhumance. »

Allez-vous être triste de quitter le troupeau à la fin de cette aventure ?

« Forcément un peu car je m’y suis attachée mais les moutons sont vraiment choyés par la Ville de Nantes, donc ils sont heureux. Pour les jardinières et jardiniers qui se sont occupés d’eux dans chaque parc, c’est dur aussi car ils ont pris l’habitude de leur faire des câlins le matin, de les nourrir, de les soigner si besoin. »

Quel est le résultat et la suite de cette transhumance ?

« Déjà, nous avons montré que c’est possible une transhumance en ville ! C’était un chouette projet et la présence de l’animal en ville fait beaucoup de bien en termes humain et écologique. Ensuite, j’espère avoir laissé des clés aux agents municipaux pour qu’ils pérennisent le projet sans moi sous une forme ou une autre si c’est un souhait de la Ville. »

Dernière étape de la TranshuNantes au Grand-Blottereau

La dernière transhumance est prévue mercredi 28 juin « l’après-midi ou le matin, on verra en fonction de la chaleur et des moutons, précise Déborah Biret. Ce sont les joies du travail avec le vivant, on s’adapte aux bêtes. »
Le troupeau partira du parc de La Roche, à Malakoff, pour rejoindre le parc du Grand-Blottereau où il restera jusqu’au 11 juillet. Des rencontres avec la bergère et les jardiniers et jardinières qui prennent soin des moutons y sont organisées les 1er, 5 et 9 juillet.