À l’ouest de l’île de Nantes, le quartier République livre ses premiers immeubles

Ceux qui n’ont pas mis les pieds à Nantes depuis plusieurs années auront bien du mal à reconnaître les lieux. Entre le chantier du futur CHU et la place de la République, que l’on rejoint désormais d’un coup de pédale par la nouvelle rue des Marchandises ouverte en février, l’ancienne zone industrielle et portuaire se transforme de manière spectaculaire. Face au village solidaire des 5Ponts ouvert en 2021, les programmes du « bloc A » - première des grandes parcelles de 120 x 120 qui composeront à terme le quartier République - sont encours d’achèvement.

Les immeubles ont désormais leur silhouette définitive et « permettent de se représenter à quoi ressemblera le quartier », comme a pu le constater Thomas Quéro, adjoint au maire de Nantes chargé de l’urbanisme durable, lors d’une visite de chantier avec les promoteurs du projet le 28 juin. « Les livraisons commencent cet été et s’étaleront jusqu’à la mi-2024 ». Les premiers habitants s’installeront à partir de la fin 2023.

L’îlot, bordé par les futurs jardins de l’Estuaire, comptera au total 246 logements, dont 65 logements sociaux et 43 abordables, mais aussi des bureaux, des locaux pour les artisans, un commerce. Une variété à l’image du projet voulu par les paysagistes, architectes et urbanistes Jacqueline Osty et Claire Schorter. « République sera tout sauf un quartier générique. Il aura sa personnalité propre, avec une grande diversité, tant dans les formes que dans les programmes », assure Virginie Vial, directrice de la Samoa, la société publique d’aménagement de l’île de Nantes. Inspiré de l’esprit des anciens faubourgs, il accueillera à terme 4 000 habitants, 4 000 actifs et 7 500 étudiants en imbriquant logements, bureaux et cours artisanales, grands équipements (CHU en 2027, futur campus santé en 2029) et services de proximité.

« Dans un marché extrêmement tendu, ce projet va contribuer à répondre aux besoins de logements de plus en plus forts », assure Thomas Quéro. « Ce sera un quartier vivant et agréable à vivre, que ce soit pour habiter ou pour travailler, poursuit l’adjoint de quartier Olivier Château. On y trouvera tous les services essentiels à la vie quotidienne, accessibles à pied à moins de 15 minutes de chez soi : école, crèche, gymnase, commerces, parcs et jardins, connexion au reste de la ville par les nouvelles lignes de tramway.... » Le quartier produira sa propre électricité grâce au soleil et il sera maillé de jardins, places et venelles piétonnes, où seront plantés 1 300 arbres (4 000 sur l’ensemble du sud-ouest de l’île). Sur le bloc A, la rue des Voisins se dessine déjà.

6 opérations en 1

Chacune des grandes parcelles, ou blocs, du quartier République comportera au moins six opérations immobilières, avec des immeubles hauts et des maisons de ville, des bureaux et des cours artisanales et un seul parking partagé sous une des opérations. Pour chaque programme, les promoteurs doivent répondre à un cahier des charges exigeant : logements traversants, avec des balcons ou des terrasses où on peut manger, cages d’escaliers éclairées de manière naturelle, constructions bas-carbone...

Îlot Anna : bureaux et ateliers artisanaux

C’est la première opération à être livrée, en juillet 2023. Adressé sur la rue Gisèle-Halimi, l’îlot Anna regroupe un bâtiment de 3 290 m² de bureaux, bardé de bois, et 1 000 m² de locaux d’activités en pied d’immeuble. Répartis en deux ailes, ces derniers intègrent un local commercial et six ateliers d’artisans, reconnaissables à leurs grands châssis vitrés en zinc, clin d’œil au passé industriel et artisanal des anciens faubourg. « Trois occupants se sont positionnés dès le départ, il ne reste que deux ateliers de libres », se félicite Patricia Lorre du groupe Aethica, maître d’ouvrage de l’opération. L’entreprise Rosemood, fabricant de faire-part et d’albums photos, a fait l’acquisition de 3 des 5 étages de bureaux pour y transférer son siège social, et trois entreprises nantaises - Fichtre (architecture, mobilier urbain), Quand même (fabrication urbaine) et le luthier Patrice Blanc – investiront les quatre premiers ateliers. Pour favoriser « le bien-être au travail », des espaces de déconnexion ont été aménagés à tous les étages (terrasses, zones de repos et de détente, etc.), ainsi qu’un local pour 80 vélos, avec douches et vestiaires, et une cour intérieur arborée qui sera ouverte au public en journée.

Îlot Adam : logements, bureaux et parking partagé

À l’angle de la rue des Marchandises et de la rue Médiane, l’îlot Adam regroupe autour d’un grand jardin central : un immeuble de logements – le Carré des Sens – et deux immeubles de bureaux, dont un pour Groupama Gan REIM, avec 800 m² de commerces en rez-de-chaussée et un parking de 223 places en sous-sol. Géré par Nantes Gestion Equipement, ce parking sur deux niveaux servira à l’ensemble des occupants du bloc A – habitants et salariés -, une règle d’or dans tout le quartier. « La mutualisation des stationnements un vrai levier pour réduire le prix des logements », estiment Jessica Violette chez Linkcity, maîtrise d’ouvrage de l’opération, et Nicolas Verpeaux (Bouygues Immobilier, le constructeur). La réalisation d’un parking représente en effet, à lui seul, 20 % du coût de revient d’un bâtiment. Autre intérêt, et non des moindres : «  Cette méthode permet d’augmenter l’usage de chaque place, et donc de limiter la surface des parkings pour retrouver des jardins en pleine terre dans les autres opérations de l’îlot et rendre la rue aux habitants », précise Viginie Vial. L’équipement proposera également des bornes de recharge pour les véhicules électriques, ainsi qu’un pôle de mobilités visant à encourager les alternatives à la voiture. L’ensemble se veut exemplaire en matière d’impact environnemental avec l’utilisation d’un béton à faible émission de CO2 permettant de diviser par trois l’empreinte carbone du bâtiment par rapport à un ciment classique. La livraison de l’ensemble est prévue au premier trimestre 2024.

Îlot Alix : trois bâtiments, trois manières d’habiter

Situé entre le boulevard de l’Estuaire et la rue des Marchandises, l’îlot Alix - plus connu sous le nom d’opération Joïa - se compose de trois bâtiments ouverts sur le futur parc de la Prairie-au-Duc, avec chacun leur identité et leur architecture propres : une « stèle » de 10 étages, enveloppée de métal et de verre, offrant des logements triplement orientés avec vue sur la Loire et le centre de Nantes ; un bâtiment intermédiaire (5 étages), habillé de bois et constitué de trois séries de duplex superposés à la manière des « logements-villas » ; enfin, un bâtiment « panoramique », doté de spacieuses loggias, qui accueillera au rez-de-chaussée un grand local vélo, commun à tous les bâtiments, et qui pourra être converti en espace de convivialité pour créer du lien entre les voisins. Porté par les promoteurs nantais Bâti-Nantes et Six-Ares, l’ensemble regroupe 68 logements, avec des commerces en pied d’immeuble, qui seront livrés au premier trimestre 2024.

Îlot Amir : l’inspiration new-yorkaise

La dernière pièce du bloc A, le programme « Allure » à l’angle de la rue Alain-Barbe-Torte et du boulevard de l’Estuaire, dévoile une architecture atypique, en cascade, d’inspiration art-déco new-yorkaise. Constituée d’une « succession de volumes décrochés pour rompre la linéarité », l’opération réunit 63 logements, répartis en trois bâtiments gérés par Cogedim et Nantes Métropole Habitat : 29 logements en accession libre, 3 grandes colocations (8 appartements) regroupant 24 chambres, et 26 logements sociaux, dont 9 en habitat inclusif. Trois commerces, ouverts sur le futur Parc de la Prairie-au-Duc, prendront également place au rez-de-chaussée. La livraison d’Allure est prévue au premier trimestre 2024.

Les chantiers des deux derniers îlots du bloc A n’ont pas encore démarré. Sur l’îlot Azur, c’est une petite opération singulière « laissant place à la surprise » qui verra le jour. « On se donne le temps de trouver le bon projet », précise Virginie Vial. Chaque bloc du quartier République aura son opération singulière, avec des projets particuliers, conçus et portés par leurs futurs occupants (entrepreneurs, habitants, associations…). Sur l’îlot Andy, enfin, le bailleur social Harmonie Habitat réalisera un programme de 38 logements locatifs sociaux et 20 en accession sociale, avec 1 commerce en rez-de-chaussée. « Le projet du mal à sortir en raison de la conjoncture économique », explique la directrice de la Samoa. Le plan de relance de la construction de logements décidé par Nantes Métropole devrait permettre de débloquer la situation.