Est-ce que ces premiers mois de convention citoyenne sont conformes à vos attentes ?
"J’ai abordé les choses sans savoir ce qui allait se passer. C'est une nouvelle expérience pour tout le monde. J’avais une crainte sur le fait que cela devait se dérouler en visio. Mais l’animateur, Mission Publique, a réussi à créer de l'échange entre participants et à les amener à produire une réflexion alors que personne ne se voit. L’un des enjeux est de faire en sorte que personne ne soit oublié, ce qui est le risque, face à un écran. Il y a notamment une attention à des petits formats qui permettent de s’assurer que tout le monde parle. Ça reste un challenge dans les plus grands formats. Mais c’est une belle ingénierie pour permettre que ça ait lieu malgré les difficultés."
Sur le fonds des échanges, quel est votre ressenti ?
"Je passe par plusieurs phases : j’admire l’engagement des personnes qui reviennent, passent beaucoup de temps. Passer 7 h devant un écran, c’est indigeste, surtout lorsqu’on n’a pas de temps de convivialité. Et en même temps quand on voit toute cette énergie, il reste une inquiétude : on est sur des enjeux très forts, mais ces 80 citoyens, qui reflètent la diversité de la métropole, tombent un peu tous d’accord pour dire qu’il faudrait plus de solidarité, d’emploi, de santé, mieux traiter les jeunes, les plus âgés. Mais il faut aller vers plus de concret, il faut faire des choix. Si on veut plus de solidarité, cela veut dire de l’argent. Se pose alors la question de savoir où on va le prendre. C’est important que la convention n’atterrisse pas que sur de belles idées."
Quitte à assumer des désaccords ?
"On est au milieu du gué. J’espère que l’on va partager comment on entre dans le dur, dans de vrais choix de société à l’échelle de la métropole. La plupart des échanges manquent de l’aspect territorial, je trouve. C'est un défi, car notre rôle va être de voir comment les élus vont s’approprier les travaux de la convention. J’observe aussi que beaucoup de citoyens ont souligné le fait qu’ils venaient de façon apolitique. Moi je viens parce que je ne suis pas satisfaite de la société dans laquelle je vis, et que je crois que l’on doit se retourner vers les citoyens pour avancer. Il faut s’autoriser à parler politique, à penser de pair les faits et les convictions. Car si l’on refuse de parler de politique, on laisse le champ au seul domaine économique. J'espère qu’on va pouvoir contribuer à libérer cette parole. C’est important de se dire sur quoi on est d’accord. Mais il y a souvent plusieurs façons de résoudre les problèmes, en fonction de nos sensibilités."