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Nantes va héberger 50 oasis de biodiversité d'ici 2026

ActualitésPublié le 31 mars 2022

Renforcer la nature en ville, telle est l’ambition de la municipalité depuis plusieurs années. Nouveau projet à voir le jour : les oasis de biodiversité. Six sont livrés au printemps 2022 pour renforcer les espaces naturels et la biodiversité.

22 oasis de biodiversité verront le jour en 2022-2023, les six premiers dès ce printemps, comme ici dans les douves du château où 4 000 plantes d'origine locale ont été réintroduites.
22 oasis de biodiversité verront le jour en 2022-2023, les six premiers dès ce printemps, comme ici dans les douves du château où 4 000 plantes d'origine locale ont été réintroduites.

Depuis deux ans, le quai Ceineray change de visage au fil des saisons. Il devient de plus en plus vert avec 5000 plantes locales plantées en novembre dernier et 3000 autres prévues à l’automne prochain. Une forêt d’eau a également été créée derrière le monument aux 50-otages. « Nous sommes allés observer la nature sauvage plus loin le long de l’Erdre pour recréer des environnements semblables en milieu urbain, explique Manuela Lefort, référente environnement à la direction Nature et jardins de Nantes Métropole. Ce travail de mimétisme nous permet d’être dans une vraie démarche de renaturation. »

Corridor écologique de plus de 2 km de long entre le pont de la Tortière et le bassin Ceineray, cette oasis de biodiversité a été créée afin de relier l’Erdre urbaine et canalisée à l’Erdre sauvage et naturelle. Sur le long terme, le projet permettra aux habitants de profiter des oiseaux et des plantes aquatiques qui viennent recoloniser la rivière. © Garance Wester
Corridor écologique de plus de 2 km de long entre le pont de la Tortière et le bassin Ceineray, cette oasis de biodiversité a été créée afin de relier l’Erdre urbaine et canalisée à l’Erdre sauvage et naturelle. Sur le long terme, le projet permettra aux habitants de profiter des oiseaux et des plantes aquatiques qui viennent recoloniser la rivière. © Garance Wester

Nids d'eau et jardins sur pilotis

Le nénuphar jaune a été réintégré. Des nids d’eau pour imiter les touradon et des petits jardins sur pilotis avec des aulnes sont également testés. S’ils poussent bien, ils seront déployés tout le long du quai. « En réintroduisant différentes strates végétales, les insectes reviennent et servent de nourriture aux chauves-souris, aux poissons… précise Manuela Lefort. La re-végétalisation est la première étape de toute la chaîne alimentaire. » Visuellement il n’y a rien d’extraordinaire pour le moment, il faudra quelques mois, voire des années pour constater des résultats probants. Les jardiniers préfèrent être prudents et y aller doucement pour observer comment les nombreux usagers du quai Ceineray vivent avec ces nouveaux espaces végétalisés. Car, comme le dit Romaric Perrocheau, directeur de Nature et jardins : « Pour voir grand, il faut planter petit. »

Cet automne, les jardiniers municipaux ont réintroduit sur les quais du bassin Ceineray près de 5 000 végétaux d’origine locale. Cette opération de renaturation se poursuit dans le bassin lui-même pour créer une « forêt d’eau », propice à la faune et à la flore, à partir de plantes prélevées au préalable sur les bords de l’Erdre. © Célia Goaziou / Nantes Métropole
Cet automne, les jardiniers municipaux ont réintroduit sur les quais du bassin Ceineray près de 5 000 végétaux d’origine locale. Cette opération de renaturation se poursuit dans le bassin lui-même pour créer une « forêt d’eau », propice à la faune et à la flore, à partir de plantes prélevées au préalable sur les bords de l’Erdre. © Célia Goaziou / Nantes Métropole

22 oasis créées en 2022-2023

Voir grand en plantant petit, c’est justement l’objectif des 50 oasis de biodiversité (dont fait partie la renaturation du quai Ceineray) prévus par la Ville d’ici 2026. 6 hectares au total seront restaurés ou créés sur l’ensemble de la ville pour préserver et renforcer la biodiversité. Les 22 premiers seront mis en place en 2022-2023. « C’est une réponse utile au changement climatique et aux besoins de nature, de ressourcement et de qualité de vie pour les habitants », assure Johanna Rolland, maire de Nantes. Au total, plus de 5 000 arbres et arbustes seront plantés, 4 mares créées et 3 zones humides réhabilitées, 6 boisements d’avenir, plus quelques prairies pâturées.

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Loutre et héron cendré

En partenariat avec Bretagne Vivante, les jardiniers municipaux ont été formés à ces nouvelles pratiques, moins horticoles qui demandent beaucoup d’intervention, plus naturelles avec peu d’entretien. « Ils sont fortement mobilisés pour s’approprier ces façons de faire et ainsi devenir ambassadeurs, ajoute Delphine Bonamy, adjointe à la nature en ville et à la végétalisation. Ils font participer les habitants, notamment les scolaires pour les plantations, pour les sensibiliser et qu’à leur tour ils agissent en faveur de la biodiversité. »

Si les 50 oasis de biodiversité sont un projet récent, la politique de Nantes en faveur de la végétalisation ne date pas d’hier et les résultats sont là. L’association Bretagne vivante réalise des inventaires et observe que la vie réapparaît. La loutre est revenue dans l’Erdre notamment car cette dynamique verte s’applique aussi à la restauration des cours d’eau. « Il y a 30 ans le quai Ceineray était un parking, aujourd’hui un héron cendré vient nous écouter », se réjouit Romaric Perrocheau.

Les jardiniers municipaux ont été formés de nouvelles pratiques, plus naturelles. Ici au square Faustin-Hélie, où le fond du parc a été réhabilité en sous-bois pédagogique, avec des abris d’insectes et des nichoirs.
Les jardiniers municipaux ont été formés de nouvelles pratiques, plus naturelles. Ici au square Faustin-Hélie, où le fond du parc a été réhabilité en sous-bois pédagogique, avec des abris d’insectes et des nichoirs.

Six oasis ont été réalisés dès ce printemps, comme les boisements d’avenir rue des Boires sur l'île de Nantes, et au parc du Grand-Blottereau, le corridor Erdre du quai Ceineray au Pont de la Tortière, la prairie avec verger du parc des Oblates, les 4 000 plantes natives des douves du château et le sous-bois du square Faustin-Hélie, près l’ancien palais de justice place Aristide-Briand.

Deux moutons d'Ouessant - Caramel et Nougat - ont pris leurs quartiers vendredi 1er avril dans les douves du château pour tondre naturellement la prairie pâturée mise en place dans le cadre des oasis de biodiversité. © Garance Wester
Deux moutons d'Ouessant - Caramel et Nougat - ont pris leurs quartiers vendredi 1er avril dans les douves du château pour tondre naturellement la prairie pâturée mise en place dans le cadre des oasis de biodiversité. © Garance Wester

Des moutons dans les douves

Caramel et Nougat, deux moutons d’Ouessant, se sont installés le 1er avril dans les douves du château pour faire de l'éco-pâturage. Achetés en 2020 par la Ville de Nantes, ils font partie de la trentaine de moutons chargés de tondre naturellement les prairies de Nantes. Ces petits moutons très rustiques ne craignent pas les intempéries, participent à garder les prairies propres et favorisent la biodiversité en attirant certains insectes. Déplacés de site en site, Caramel et Nougat vont rester deux mois dans les douves avant de retourner à la ferme de la Chantrerie pour se faire tondre.

Des coups de pousse à la nature

Chacune des 25 équipes de jardiniers de la Ville de Nantes est équipée d’un livret de 50 coups de pousse à la nature. Ces micro-actions vont de l’aménagement d’un tas de feuilles, à la récupération d’eau de pluie en passant par le rehaussement de la hauteur de tonte, la plantation de haies bocagères ou l’installation d’un nichoir à chouette hulotte. « Chaque équipe doit réaliser une action coup de pousse par mois en autonomie, précise Delphine Bonamy. Cela fait donc 25 coups de pousse par mois, ce qui n’est pas négligeable en terme d’impact. » Ces actions sont matérialisées par des rondins de bois pour informer les habitants.