Une matinée à la ferme pour devenir incollable sur les haies de nos campagnes

Le saviez-vous ? Une haie bocagère peut abriter jusqu’à 35 espèces de mammifères, 80 espèces d’oiseaux, 8 espèces de chauve-souris, 15 de reptiles ou amphibiens et pas moins de 100 espèces d’insectes différentes ! Cette biodiversité méconnue est loin d’être le seul avantage du réseau d’arbres, d’arbustes, de ronces et de branchages qui maillent nos campagnes. « Depuis un siècle, nous avons perdu 70 % de nos haies et la connaissance du rôle essentiel qu’elles remplissent », observe Maëllie Lottier, animatrice bocage au Civam44, une association qui soutient les exploitants et les ruraux engagés dans une agriculture durable. Pour sensibiliser le grand public à l’importance de préserver et de restaurer cette ressource arborée en fort déclin depuis les années 1900, Nantes Métropole et le Civam organisent une matinée bucolique et conviviale, samedi 5 octobre à Carquefou. L’occasion de profiter du grand air et de découvrir les rôles nombreux et précieux des haies, et la manière dont les agriculteurs les entretiennent.

Un rempart contre le réchauffement climatique

« Les haies ne sont pas des plantations spontanées, elles ont été créées par l’homme pour délimiter les parcelles et servir de clôtures naturelles pour les animaux, limiter le vent et produire du bois, rappelle-t-elle. Il faut les gérer pour les régénérer. » Refuge pour la biodiversité, elles sont également un rempart contre le réchauffement climatique. Elles contribuent à lutter contre l’érosion des sols, retiennent, épurent et filtrent naturellement l’eau, stockent du carbone, régulent les crues, donnent de l’ombre, nourrissent humains et animaux, créent de la biomasse… Et façonnent un paysage cultivé appelé bocage, « beau et apaisant ». « Les haies participent à notre bien-être. On se sent mieux dans un paysage arboré qu’avec des champs plats à perte de vue. »

Un plan pour protéger les haies

En 2016, Nantes Métropole a recensé sur son territoire plus de 2 400 km de haies, qui ont été protégées dans le Plan local d’urbanisme métropolitain. Cet inventaire sera mis à jour fin 2024. En partenariat avec le Civam et Fédération régionale des chasseurs, la collectivité a impulsé un programme de protection de ce patrimoine bocager, avec des actions de sensibilisation et des aides aux agriculteurs pour planter et restaurer les haies sur tout le territoire. « Nous ne pouvons pas nous contenter de planter de nouvelles haies pour compenser les arrachages des décennies passées, il faut avant tout apprendre à gérer durablement et naturellement l’existant. » Dans cette démarche, Nantes Métropole accompagne les agriculteurs vers l’obtention d’un « Label haies »,  certification qui garantit une gestion durable, un peu comme le label bio.

Apprendre à bien tailler

Et les particuliers dans tout ça ? « Les haies de nos jardins sont aussi importantes que les haies de la campagne, pour favoriser la nidification des oiseaux par exemple », poursuit Maëllie Lottier. Il est fortement déconseillé de les tailler entre le 15 mars et le 15 août, afin de respecter la période de nidification avant l’envol des oisillons. Tailler la végétation alors qu’elle est en pleine poussée en avril-mai est également un frein à sa croissance et risque d’affaiblir les végétaux. « Il est important de sensibiliser tous ceux qui possèdent un bout de jardin à la bonne taille. » Les promeneurs doivent eux aussi être précautionneux : « ne pas piétiner le pied des arbres, ne pas enlever l’écorce… »