À noter
Pour la plupart des Nantais, difficile de compter le nombre d'heures passées sur Internet ou sur son téléphone depuis le début du confinement. Tous n'ont pas cette chance. Privés d'ordinateurs et d'accès à Internet, les personnes en situation de précarité ne peuvent plus maintenir le lien avec leurs proches, travailler, effectuer des démarches administratives ou organiser le travail à la maison. Depuis 15 ans, l'association PiNG milite pour lutter contre cette fracture numérique. « Sans lieux de médiation, l'appropriation du numérique devient encore plus difficile, explique Julien Bellanger, chargé de développement à PiNG. Nous avons constaté, avec de nombreux acteurs de la métropole, qu'à la demande de matériel informatique ou connexion s'ajoutait celle de l'accompagnement, de l'usage.»
Fort de ce constat, PiNG et les associations Cemea, Nâga, Alis 44, épaulées par la Ville, ont lancé mi-mars 2020 la plateforme « La Maison du libre ». Sa vocation ? Permettre une meilleure lisibilité du prêt et de la mise à disposition du matériel informatique pour les associations et les familles à travers des comptes-rendus et un outil de cartographie. Au total, 25 acteurs sont mobilisés autour de ce projet original qui rassemble à la fois la Ville, les associations, les centres Accoord, les établissements scolaires, les CCAS, le Département, ou encore la préfecture. « L'idée est de travailler tous ensemble pour faire se croiser les personnes qui peuvent donner du matériel, celles qui savent les reconfigurer et celles qui sont les relais vers les bénéficiaires », résume Julien Bellanger. « Ici, l'éducation populaire et l'éducation nationale se mélangent !»
Un manque criant de matériel
Une initiative bienvenue, notamment pour les associations, pour qui trouver des ordinateurs relèvent du parcours du combattant. « Avec PiNG, nous avons distribué dix ordinateurs sur le quartier du Breil mais évidemment ça ne suffit pas. Il manque énormément de matériel, déplore le Nantais. Dès le début du confinement, Alis 44 et Nagâ, les deux associations qui reconditionnent des ordinateurs pour les redistribuer aux familles, ont reçu 300 demandes en 15 jours, rien que pour le quartier Nantes Sud ! Actuellement, on ne peut contenter que 5% des demandes.» Un diagnostic alarmant, avec des constats parfois surprenants. « Certaines familles de Saint-Herblain qui se sont vues prêter des ordinateurs par le collège les ont ramenés parce qu'elles ne savaient pas s'en servir. Prêter du matériel ne suffit pas, il est indispensable d'accompagner les usages et de poursuivre ce travail en réseau au-delà du confinement», insiste Julien Bellanger. La coopération pourrait ainsi se traduire prochainement par une coopérative.