« L’envie, c’était de rester en lien, de se faire passer le mouvement… et de se faire plaisir ! » Danseuse dans les compagnies nantaises Kokeshi et Animalis’Ba, Lauriane Douchin voit chaque jour grossir le nombre de vues de la vidéo qu’elle a postée sur YouTube : « Corps exquis confiné-dansé », un étonnant cadavre exquis chorégraphique où les gestes s’enchaînent entre des participants filmés chacun à domicile.
C’est à partir d’une conversation avec Émilie Barteau, une performeuse nantaise, que l’idée a pris forme : « On discutait d’une vidéo d’un cadavre exquis réalisé par l’ Américain Mitchell Rose. On trouvait ça chouette et on a lancé l’idée à Nantes ». Les deux jeunes femmes imaginent un protocole à proposer aux futurs participants, garantie de la fluidité du résultat final. Chaque danseur doit ainsi démarrer son mouvement là où s’est arrêté le précédent, et enchaîner sur une séquence de 5 à 8 secondes. Que la performance se déroule en extérieur ou en intérieur, la personne qui filme doit se caler sur le cadrage précédent. Enfin, les participants défilent par ordre alphabétique, chacun devant contacter le suivant pour faire avancer le projet.
Le concept a soulevé l’enthousiasme chez les artistes contactés – chorégraphes, danseurs, plasticiens ou performeurs. « On a dû s’arrêter à 41 participants, malheureusement on ne pouvait pas avoir tout le monde de la danse nantais », explique Lauriane, qui trois semaines durant, a réceptionné les vidéos « au compte-gouttes » et assuré, avec Alex Lefort, le montage des 40 séquences. « La musique de Herbie Hancock a été ajoutée à la fin, la plupart des participants ont dansé dans le silence. »
Plutôt bluffant, le cadavre exquis dansé trouvera-t-il une suite ? « Ce n’est pas prévu, mais ça a donné des idées chez des comédiens », note Lauriane, qui espère surtout une chose : « Danser à nouveau ensemble, en vrai ! »