Clémence et Bruna ont trois points communs : elles vivent rue Jean Jacques Rousseau, elles sont créatives et de leur propre aveu, « elles adorent parler fort ! ». C’est sans aucun doute ce qui leur a permis de construire une amitié très intense dès les premiers jours du confinement. « A la base, j'ai fait une banderole pour remercier les soignants, Clémence m'a prise en photo et on a engagé la conversation ensemble », explique Bruna, habitante de la rue depuis 5 ans.
«On passait des heures à parler, à débattre… Tant et si bien que mon copain, Bastien, nous a affectueusement surnommées "les poissonnières", sourit Clémence. Il a même installé une tyrolienne, avec un panier entre nos balcons, pour faciliter nos échanges : ni une ni deux, nous voilà avec une poulie et un mignon panier qui se balade entre nos balcons respectifs, pour se passer du pain, des dessins, des friandises – et l’apéro évidemment ».
Les guirlandes colorées tissent du lien social
Au fil des jours, les trois amis tissent des guirlandes pour relier les balcons et les cœurs de « la rue Jean-Jacques ». « Ça a commencé le 9 avril, le premier fanion posé était la guirlande effet miroir pour refléter le soleil, depuis, on en a fait tous les jours », se souvient Clémence. « C'est de la totale récup', des rubans, des caleçons, des draps, c'est vraiment nos vêtements qu'on recycle », précise Bruna.
La rue s’est parée de couleurs vives et les parties de blind-tests ont été organisées tous les soirs par les trois amis. « Les habitants ont commencé à se joindre à nous, aussi bien pour rire, pour partager quelques verres et pour tirer toujours plus de guirlandes colorées, raconte Clémence, les gens prennent vraiment le temps de marcher plus tranquillement et de lever les yeux ! C’est chouette ! »
La rue Jean-Jacques-Rousseau remplie de couleurs a fait la Une du site internet du New York Times. « On a d’abord cru à un fake… Mais finalement non, c’est bien réel : c’est la magie d’internet, s’amuse Clémence. On ne pensait pas que ça prendrait une telle ampleur. La rue est devenue une attraction, beaucoup de gens la prennent en photo et viennent sous nos balcons pour poser des questions. On pourrait presque faire partie du Voyage à Nantes ! ». En attendant, les trois amis n’ont qu’une hâte, « sortir le 11 mai pour pouvoir tous se serrer dans les bras ».