Elle fait danser la maison Lazare. Freddy a vu sa carrière de DJ freinée par la crise sanitaire mais ses colocataires peuvent toujours compter sur ses talents de cuisinière. La quinquagénaire est arrivée au 3 rue du Refuge en octobre 2015 après trois mois passés dans la rue. Elle a emménagé au dernier étage de cette ancienne école prêtée par le diocèse avec sept autres femmes, des jeunes actives et des anciennes SDF ou en situation de grande précarité. Freddy a trouvé une famille. « On m’a redonné confiance, je me sens valorisée. Tout se fait dans la bienveillance, il n’y a pas de jugement. »
Partage et convivialité
Fondé à Paris en 2006, le concept des colocations solidaires a essaimé dans tout l’Hexagone et même à l’étranger. L’association Lazare, « d’inspiration chrétienne mais ouverte à tous », est implantée à Nantes depuis 2011. D’abord au Petit-Port puis au cœur de Nantes, à deux pas de la Cathédrale. « Nous avons un appartement de huit femmes et deux appartements de six et neuf hommes, précise Clotilde Pialoux, responsable bénévole de la maison. Tous les colocataires paient un loyer mensuel de 300 euros auxquels viennent s’ajouter 80 euros pour la nourriture. »
Partage et convivialité sont les maîtres-mots. « On fait les courses et la cuisine ensemble. Chaque appartement organise un repas commun une fois par semaine et nous avons une soirée thématique avec tous les habitants le vendredi. Nous programmons également des week-ends en France et à l’étranger. La crise du Covid-19 bouleverse évidemment nos habitudes… » Un assistant de service social est présent chaque jeudi pour accompagner les résidents dans leurs démarches.
« Chacun son rythme »
Alix, ingénieure de 25 ans, a rejoint la maison Lazare il y a un an. « J’en ai entendu parler en participant à des maraudes avec les sans-abri. Je voulais partager le quotidien de ces personnes qui ne me ressemblent pas mais qui ont beaucoup de choses à m’apprendre », témoigne la jeune femme. Comme Freddy, elle a trouvé une grande famille. « J’ai même souhaité passer Noël ici ! »
Si les jeunes actifs restent un à deux ans, il n’y a pas de limite de temps pour les personnes issues de la rue. « Certains vont retrouver un travail et un logement en trois mois, d’autres s’installent dans la durée. Chacun va à son rythme », souligne Clotilde Pialoux. Après cinq années de colocation, Freddy a emménagé dans l’un des sept studios « de transition » de la maison Lazare. « Je suis indépendante mais sans souffrir de la solitude, je vois toujours du monde. J’espère rester ici jusqu’à la fin de ma vie ! »